Renaissance d'une abbayePour ses huit cents ans, l'abbaye bretonne de Beauport reçoit le plus beau cadeau d'anniversaire : elle est définitivement sauvée de la ruine…
PAIMPOL (Côtes d'Armor), 20 juin (AFP) - L'abbaye de Beauport, joyau de l'architecture religieuse bretonne à Paimpol, célèbre cet été son 800e anniversaire, par des festivités marquant aussi dix ans d'un ambitieux programme de réhabilitation qui ont épargné ruine et oubli au site. Depuis jeudi, l'abbaye accueille pour neuf soirées des "tentations nocturnes", un spectacle mêlant théâtre, chant, son et lumière, imaginées par Laurence Meiffret, responsable de l'AGAB (Association pour la gestion et la restauration de l'Abbaye de Beaufort) et le conteur Alain Le Goff. Cette "déambulation nocturne", selon les termes de Mme Meiffret, a été conçue comme une variation poétique sur le bien et le mal, qui entraîne le visiteur des jardins au cloître, entre mer et bosquets, dans le cadre déroutant de bâtiments religieux envahis de fleurs et d'arbres centenaires. Des visites nocturnes sont également prévues tout l'été, tandis qu'une exposition de photos, un disque, un colloque rythmeront cette année de festivités. Les responsables de l'abbaye ont réussi en dix ans à réhabiliter un site passé bien près de l'oubli général et du bétonnage routier. Fondée en 1202 par le comte Alain de Goëlo, l'abbaye devient vite une escale importante sur la route de Compostelle et un foyer de commerce et d'échanges maritimes. Les chanoines prémontrés de Beauport entretiennent la prospérité du domaine jusqu'à la Révolution française, qui signifie la vente de l'abbaye.
Vieilles pierres et arbres centenaires
Le site devient salpêtrière, puis école. "Par chance, il n'a pas servi de carrière de pierres", souligne Mme Meiffert. Le bâtiment est classé monument historique en 1862, notamment grâce à Prosper Mérimée, ce qui ne l'empêche pas de péricliter, les propriétaires n'ayant pas les moyens d'entretenir cet énorme bâtiment. Dans les années 70, un projet de contournement routier par la mer est
lancé. Une décennie plus tard, les marais qui l'entourent sont devenus une décharge. Le conservatoire du littoral décide alors de racheter le site. C'était en 1993. "Personne n'en voulait à l'époque. On considérait que c'était un tas de pierres", se souvient Laurence Meiffert. Près de dix ans plus tard, l'abbaye se présente au visiteur comme un témoignage unique de vie religieuse, où cloître, cellier et réfectoire ont enfin été mis en valeur. Mais ce qui fait l'unicité de Beauport, c'est l'imbrication dans les vieilles pierres de la nature qui, partout, a repris ses droits: un cèdre centenaire veille sur le cloître où poussent fleurs et buissons, des hortensias géants ont envahi l'église et des arbustes poussent à cinq mètres de hauteur entre les interstices des pierres. Cette exubérance est savamment préservée par l'AGAB. "On veut que le site reste suffisamment en ruine pour être romantique mais pas trop pour rester intéressant", résume Mme Meiffert.
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