De jeunes artistes à l’assaut du monde

Martin Kersels présente Fat Man, une installation qui doit son nom à celui de la bombe atomique lâchée sur Nagasaki en 1945. Au centre de la galerie se trouve donc ce gigantesque projectile, pour le moins stylisé, car recouvert de 18 000 miroirs évoquant davantage les boules à facettes de l’époque disco que l’industrie militaire. Plus énigmatiques sont les diverses bannières en feutrine répandues dans tout l’espace de la galerie : elles reproduisent indifféremment un tracé de bombe ou une représentation de fantôme. Cette substitution semble éclaircie par un autre élément du dispositif : un petit sac en plastique aux contours de spectre qui tournoie le long des murs, et qui s’intitule Thank you for shopping with us. Preuve que ce qui intéresse ici davantage Kersels est le spectacle mercantile du bombardement que la bombe en elle même.

Hors les murs…
Quant à Virginie Yassef et Julien Berthier, dont il s’agit de la première exposition personnelle dans une galerie française, ils semblent avoir pris l’expression Project Room à la lettre, en investissant cet espace de la manière la plus minimale qui soit. En effet, seul un mur de briques en résine jaune recouvre la cloison du fond de la galerie, un pont-levis intégré et actionné mécaniquement permet d’accéder à la pièce attenante, laquelle n’est d’ailleurs pas anodine, puisqu’il s’agit de la réserve de la galerie. À l’extérieur, les deux artistes sortent leur galerie dans la rue : ils ont installé un tendeur qui la relie au deuxième étage de l’immeuble. D’incongruité en dérision, c’est donc la dualité du processus d’exposition qui est ainsi mise en évidence : montrer, cacher…