Du beau, du bon Dufy !

Dufy, avenue Matignon ? Une habitude, depuis la rétrospective organisée, en 1987, par la galerie Daniel Malingue ! Les trois membres de la famille Boulakia persistent, en réunissant quarante œuvres du maître figuratif (1877-1953), dont les qualités de décorateur continuent à charmer les collectionneurs. Si les aquarelles tardives, même si elles sont fort réussies, ne bouleversent pas, l’intérêt de l’actuelle présentation réside surtout dans la réapparition de quelques toiles fauves ou cubistes du début du XXe siècle, retrouvées dans des collections particulières, françaises ou américaines. Ainsi de la Terrasse de café (1907), dont les audacieux tons vert citron, et les formes aussi élémentaires que s’il s’agissait d’une esquisse, médusent, ou du Hamac (1913), dont l’ambiance cézanienne n’a rien à envier à certaines toiles de Braque ou de Picasso.

Un artiste indémodable
Dufy avait un talent fou, la chose est ici, une fois encore, démontrée. Ses
Bateaux au Havre (1922) et sa Baigneuse (1925), rappellent la période la plus ingénieuse de son parcours. Les aplats de couleurs vives et profondes dialoguent avec des figures résumées à quelques traits, d’une modernité décapante. Les accords de tons et la souplesse des coups de pinceaux provoquent simultanément des impressions de force et d’élégance. Telle est la part la plus personnelle de l’œuvre du maître normand. Avant, il se rallie aux grand courants de son époque. Après, graveur, céramiste, auteur de cartons de tapisserie, de modèles de tissus imprimés (pour la maison Poiret) et de fresques, il devient charmant. Presque trop. 100 000 à 250 000 € pour une aquarelle, 120 000 à 950 000 € pour une toile, les prix de l’artiste demeurent stables depuis bon nombre d’années. Et cela ne devrait pas bouger, puisque, explique Philippe Boulakia, « les grandes expositions ne manquent pas. Il y a trois mois, c’était au musée des Beaux-Arts de Nancy. L’an prochain, à l’occasion du cinquantenaire de la mort de l’artiste, on le retrouvera à la Fondation Dina Vierny, à Paris. »