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Patrimoine

L'Unesco regarde vers l'Orient

Les listes de l’Unesco se sont enrichies cette semaine de neuf sites. Avec une première attendue et symbolique : l’intronisation de l’Afghanistan.


Vallé du Haut-Rhin, © Unesco
Centre du patrimoine mondial
Le hit-parade de l’Unesco au début de l’été ? Cela correspond au nouveau calendrier défini lors de la précédente session de décembre 2001. Une autre règle annoncée à l’époque semble ne pas avoir été appliquée avec la même rigueur. Pour atténuer la prépondérance des pays du Vieux Continent (plus de la moitié des quelque 560 sites culturels alors que de nombreux États africains n’en possèdent pas encore), il était question d’autoriser un seul site par pays et par an. Est-ce l’exception qui confirme la règle ? L’Allemagne a été honorée deux fois avec les villes hanséatiques de Stralsund et Wismar, et la vallée du Haut-Rhin, artère essentielle de communication. Pour l’Italie, finaliste quasi-obligée, ce sont les villes baroques du Val di Noto dans le sud-est de la Sicile, qui sont mises en avant. Fruit d’une vaste opération d’urbanisme à la suite du tremblement de terre de 1693, elles sont aujourd’hui menacées : le Duomo de Noto a éré récemment victime d’un effondrement partiel. Pour la Hongrie, est « décorée » la région viticole de Tokaj, où l’on produisait ce que Louis XIV appelait « le roi des vins, le vin des rois ».


Minaret de Jem (Afganistan),
© Unesco, Centre du
patrimoine mondial
Prochaine étape, Bactres ?
Pour le reste, le Centre du patrimoine mondial s’en est tenu à ses directives, en donnant la priorité à des pays « neufs ». L’inscription la plus symbolique concerne le minaret de Jam, en Afghanistan. Cette tour fuselée du XIIe siècle, haute de 65 mètres, chef-d’œuvre de l’art ghoride, est le premier monument du pays à bénéficier de cette promotion. Une façon de rappeler que l’Afghanistan regorge de trésors qu’il est encore possible de sauver après le saccage du musée de Kaboul et de plusieurs lieux de fouilles. La récente découverte par une équipe française des restes de Bactres illustre cette extraordinaire densité de vestiges antiques. La position contestée de l’Unesco sur les colosses de Bamyan - l’organisme parraine leur reconstruction - passe ainsi provisoirement au second plan. Le reste de la sélection inclut le monastère copte Sainte-Catherine dans le Sinaï, dont la riche bibliothèque exige des soins pressants, la cité maya de Calakmul au Mexique, le centre ville de Paramaribo, au Surinam, exemple de métissage architectural dans une ville coloniale hollandaise, et le temple de la Mahabodhi à Bodhgaya, en Inde, un rescapé des anciennes architectures de brique.


 Rafael Pic
29.06.2002