Erik Dietman, le dernier silence

Il était objecteur de conscience et ne voulait pas fréquenter les geôles de son pays. Ainsi a commencé l’errance d’Erik Dietmann en 1959. Il avait vingt-deux ans. La légende dit qu’il se dirigeait vers les Etats-Unis mais qu’une escale, place de la Contrescarpe, lui fit connaître Daniel Spoerri et Robert Filliou. La France devait devenir sa terre d’attache même s’il vécut aussi à Turin (où la galerie Sperone, haut lieu de l’Arte Povera, lui offrit sa première exposition personnelle, sur le thème des Sparadraps en 1964) et aux Pays-Bas.

Compagnon de route des Nouveaux Réalistes et de Fluxus, Dietman (qui abandonne en 1970 le second «n» de son nom, comme pour souligner, par un jeu de mot, l’élargissement de sa carrure) est demeuré au fond de lui un individualiste décidé. Se mesurant à tous les matériaux - la gaze et le pain mais aussi la toile, le verre, la céramique, le bronze - il emprunte et travestit le travail de ses prédécesseurs, dans une démarche surréaliste, caustique. On lui doit la série En sortant de chez Duchamp, j’ai trouvé les clefs de Picasso (1979) ou La Naissance du monde (1990), allusion sans voile à Courbet.

La fin des années quatre-vingt marque sa reconnaissance officielle. En 1987, il est grand prix national de sculpture. Il participe à la biennale de Venise en 1993 et 1997, à l’exposition de sculptures sur les Champs-Elysées en 1999, et fait l’objet de rétrospectives dont la plus récente est celle du Mamac de Nice, en 2001.