Mémoires d'un pianiste

En feuilletant le catalogue de la vente de la collection d’Arthur Rubinstein et de son épouse, Aniela, on ne peut s’empêcher de chercher des traces de la carrière du prodigieux interprète des compositeurs romantiques. Les espoirs ne sont pas déçus : près de la moitié de la centaine de lots sont des autographes ou des documents imprimés musicaux. On y trouve ainsi une lettre, dans laquelle Franz Liszt expose sa volonté de fonder une école musicale, à M. Zaremba, un professeur du conservatoire de Saint-Pétersbourg (3 000 €) ; un autre document, de Piotr Tchaïkovski, fait état de l’organisation d’une série de représentations à Berlin et Prague pendant l’hiver 1888 (3 000 €). De toutes ces pièces émerge le fameux Album de la baronne F. d’Este (60 000 €). Relié de maroquin rouge, celui-ci s’ouvre sur sept aquarelles, et se compose de manuscrits musicaux d’illustres compositeurs de l’époque : Cherubini, Rossini, Moscheles et Chopin, qui signe là la seule version autographe de la Fantaisie-Impromptu.

La résidence du bois de Boulogne, acquise par les époux Rubinstein en 1938, regorgeait également de mobilier et d’oeuvres d’art en tous genres. S’y côtoyaient des objets des XVIIIe et XIXe siècles, des sculptures chinoises, une Nature morte de l’entourage d’Osias Beert (10 000 €)... On retiendra surtout trois tableaux d’art moderne : L’après-midi sur la plage, La Panne-Belgique de Jean-François Rafaelli (100 000 €), ainsi que Portrait de jeune fille (40 000 €) et Mimosas de Moïse Kisling (120 000 €). Moins exceptionnel, un Vase en terre cuite peint d’une scène de tauromachie de Picasso (3 000 €). Enfin, un double portrait photographique de 1971 dédicacé par Picasso «Para mi amigo Arturo» (500 €) vient rappeler les liens d’amitié entre les deux hommes.