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David Bordes © CMN

Sarkis s'éprend du vitrail

En réponse à une commande du Centre des monuments nationaux, le peintre a réalisé les vitraux de l'abbaye de Silvacane.

Nudité cistercienne. Austérité de la pierre et de la lumière. Comment lui adapter la couleur des vitraux sans trahir son esprit ? C’est la question qu’a dû se poser Sarkis lorsque la Caisse Nationale des Monuments Historiques – aujourd’hui Monum – lui en a passé commande en novembre 1999 pour l’abbaye de Silvacane. On connaît des précédents célèbres : à Conques, Soulages a joué sur une monochromie raffinée. Sarkis a relevé le même défi mais sans renier pour autant l’appétit de couleurs qui caractérise ses tableaux-reliquaires.

Geneviève Breerette suit l’artiste dans son cheminement vers le motif qu’il a choisi : la trace, l’empreinte. Empreintes des doigts comme une vibration anonyme, résumant en une parabole le travail d’hommes sans signature. Mais également moyen pour l’artiste d’arriver à ses fins, lui qui dit vouloir «toucher le debut des choses». Patiemment, Sarkis et son assistant impriment sur les plaques de verre leur index mouillé dans le jaune d’argent. Brossé après application puis reposé une seconde fois, ce débitus fort au sulfure devient - comme le dit joliment l’auteur - pain d’épices, pollen ou miel… Parfaite adaptation à la devise «ora et labora» («prie et travaille») de saint Benoit.

Sarkis a également conçu des chaises non pas faites pour s’asseoir – elles n’ont pas de plateau - mais plutôt pour donner la mesure de l’homme. L’ensemble, mobilier et vitraux réalisés par les ateliers Duchemin - a été monté dans le réfectoire en juin 2001. L’ouvrage de Geneviève Breerette est le première de la série «Un artiste, un monument» détaillant l’intervention d’un plasticien contemporain sur l’un des 115 monuments ou sites Monum. Les prochaines parutions, au printemps, porteront sur le travail de Daniel Dezeuze à l’hôtel de Sully et d’Aurélie Nemours au prieuré de Salagon .


 Rafael Pic
30.10.2001