Coup de jeune pour une tapisserie

Les tapisseries des Gobelins du Musée de peintures de Dresde (est) retrouvent leur éclat d'antan grâce à Susanne Decker et Kathrin Kuzera, qui viennent de s'atteler à la restauration de la dernière pièce de la collection, L'adoration du berger, tissée par l'atelier du néerlandais Pieter van Aelst (1505-1550) au XVIème siècle.
Il s'agit d'alterner aiguille et fil, surtout de choisir entre les 150 couleurs différentes, disposées sur une table surdimensionnée de l'atelier des Gobelins, installé dans un bâtiment de l'Académie des Arts de Dresde. Comme le textile est très bien conservé, la pièce, vieille de plus de 400 ans, peut être travaillée en entier.
«Avec un point de conservation, c'est-à-dire une ligne de support et un avant-point, on peut effectuer un travail de restauration à certains endroits précis», explique Kathrin Kuzera. Les fils colorés des tapisseries anciennes peuvent être ainsi replacés à la main.
Le tissu n'y perd rien de sa valeur, bien au contraire. «Les tapisseries étaient autrefois la pièce fabriquée la plus coûteuse», poursuit-elle, leur valeur ne s'estimant d'ailleurs plus en chiffres. Leur restauration devient de plus en plus difficile pour cause de manque de personnel qualifié et Kathrin Kuzera, retraitée de 70 ans, est revenue à l'atelier aider sa collègue.
La restauration dure un an par mètre carré, nécessite un travail soigneux et patient : après une journée de huit heures passée à l'atelier, la surface restaurée équivaut à celle d'une main.
Créé en 1991 et financé dès lors par un mécène, l'industriel allemand de l'alimentation Rudolf August Oetker, l'atelier a pour objectif de restaurer les six tapisseries les plus importantes des Gobelins du Musée de peintures et, avec L'Adoration des bergers, Susanne Decker et Kathrin Kuzera
s'attaquent à la dernière des six.
Ramenées à Dresde en 1515 par le duc Georg de Saxe, deux des tapisseries, déjà restaurées, sont exposées dans le musée.

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