Accueil > Le Quotidien des Arts > Les Scythes sont entrés dans Paris

Expositions

Ornement couronnant une tête de cheval, motif d’une chasse au cerf, 4e siècle av J.-C., or, Hunivka, fouilles 1976, Musée des Trésors historiques d’Ukraine, Kyiv
© Bruce White. Musée des Trésors historiques d’Ukraine


Les Scythes sont entrés dans Paris

Après une longue tournée dans les musées nord américains, les cavaliers scythes prennent d’assaut les galeries du Grand Palais.

Dès l’entrée dans la nouvelle exposition du Grand Palais, le ton est donné. Une salle obscure, la photographie monumentale d’un kourgane, l’un des tertres funéraires d’où sont issus les trésors scythes et des textes sobrement écrits en caractères blancs sur les panneaux noirs... Face aux 172 chefs-d’œuvre livrés par l’archéologie ukrainienne, nul besoin de fioritures dans la muséographie. La moindre extravagance nuirait à la contemplation d’objets souvent petits et toujours traités avec une étonnante minutie. Les outils pédagogiques sont là tout au plus pour aider à apprécier la finesse du travail, comme une photographie reproduisant des détails significatifs d’un Casque d’or du 4e siècle av. J.-C. décoré d’un féroce guerrier barbu brandissant son épée.

Les objets scythes sont donc à l’honneur. D’ailleurs, qu’y a-t-il d’étonnant à cela ? De cette population venue d’Orient qui, dès le 7e siècle avant Jésus-Christ, occupe une vaste région allant du nord de la mer Noire au Caucase, il ne nous reste rien d’autre que les sources classiques, au premier rang desquelles les courtes allusions d’Hérodote, et les objets exhumés par les archéologues. C’est le lot qui incombe à une population nomade, qui plus est de culture orale... Armes et harnachements travaillés au repoussé sont donc là pour donner un visage à ces cavaliers aux cheveux longs vêtus de pantalons bouffants, portant casques, carquois et courtes épées, les akinakes. Coiffes ornées de nuées d’appliques en or aux décors de rosettes ou de visages humains et bijoux aux multiples pendentifs laissent imaginer la silhouette des femmes de haut rang. Sans compter la vaisselle d’apparat et les éléments de harnais ornés de motifs de chevaux traités avec vigueur. Le revers d'une Coupe en or au cœur d'ambre décoré de six avant-trains de chevaux tournoyant est sans doute l'un des plus beaux symboles de l'amour d'un peuple de la steppe pour cet animal.


 Zoé Blumenfeld
27.09.2001