Munich se souvient du XXe siècleÀ quelques pas de la place impériale, la capitale bavaroise accueille le plus grand musée allemand d’art moderne et contemporain.
| Pinacothèque d’art moderne.
© Photo : Jens Weber. |
MUNICH. Par son ampleur (12 000 mètres carrés) et sa pluridisciplinarité, la Pinacothèque d’art moderne rappelle le Centre Pompidou. À la différence près que le bâtiment de Stefan Braunfels accueille plusieurs institutions : la Galerie bavaroise d’art moderne, la Collection graphique bavaroise, le Musée d’Architecture de l’Université technique et la Nouvelle Collection, consacrée aux arts appliqués. Cette autonomie devrait assurer un équilibre entre les différents domaines tout en soulignant leurs interférences. « Nous n’aurions pas pu combiner ces collections sans en désavantager une. Autour de meubles, les œuvres d’un Kandinsky ne seraient plus que des décors de salon… », plaisante Carla Schulz-Hoffmann de la Galerie bavaroise d’art moderne. « Mais nous sommes réunis dans une architecture ouverte qui rend les interactions naturelles et nous préparons des expositions communes ». Les premiers bénéficiaires de ce rassemblement devraient être les « petites » structures comme le musée d’Architecture. « En 1975, lorsque je suis arrivé à la tête de cette collection, elle était totalement inconnue et nous n’avions pas de lieu d’exposition», explique Winfried Nerdinger, le directeur de l’établissement. « Cette pinacothèque, pour moi, c’est le résultat de 25 années de travail ! Lorsque les visiteurs viendront voir Kirchner ou Warhol, nous espérons qu’ils s’arrêteront aussi pour découvrir maquettes et dessins d’architectes ».
| Max Beckmann, La Tentation de St
Antoine, 1936-1937, h.s.t.
© Pinakothek der Moderne. |
Une richesse héritée d’histoires différentes
Quelle que soit la structure de l’établissement, les visiteurs ne pourront qu’en apprécier la richesse héritée de genèses très différentes. Il n’y a en effet rien de commun entre une collection de créations industrielles initiée par la Deutsche Werkbund, un ensemble destiné à la formation d’étudiants en architecture ou des œuvres rassemblées par le Land de Bavière selon une politique d’acquisition cohérente qu’expose Carla Schulz-Hoffmann. « La Galerie bavaroise d’art moderne n’a pas une visée encyclopédique. Nous présentons quelques artistes qui ponctuent l’art du XXe siècle, en complétant les donations grâce à l’acquisition d’œuvres majeures ». Deux ensembles symboliques donnent le ton du musée. À l’entrée, la donation Fohn, des œuvres « dégénérées » acquises par ce couple passionné d’art romantique mais bien décidé à sauver ces pièces de Kokoschka, Beckmann ou Marc. En fin de parcours, La Fin du XXe siècle de Joseph Beuys proclame la même liberté de pensée. Des blocs de basalte sont disposés sur le sol, image d’un champ de ruines et proclamation d’un espoir de renaissance. La Pinacothèque, qui se veut ouverte à la création et à l’expérimentation contemporaines, cherchera sans doute à rendre compte de ce renouveau.
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