Dominique Darbois, Achouna, le petit esquimau, 1958, Terre de Bafin, Canada
© Dominique Darbois
| | La photographie expliquée aux enfantsOù en est l'illustration photographique des ouvrages pour la jeunesse ? Une exposition à Clamart tire le bilan.
Au coeur de la Cité de la Plaine, à Clamart, dans la banlieue sud de Paris, un drôle de bâtiment se cache au milieu des immeubles d’habitation. C’est dans ce quartier de logements conçu dans les années cinquante, et où vont vivre près de 6.000 enfants, que la commande d’une bibliothèque qui leur serait entièrement destinée voit le jour en 1963. L’Atelier de Montrouge, bureau d’architectes alors réputé et composé de collaborateurs de Le Corbusier, imagine dans un esprit très ludique un édifice qui donne véritablement l’impression d’être à la taille des enfants. Les lignes et les matériaux évoquent de toute évidence les créations de Le Corbusier et pour qui s’intéresse à cette période de l’architecture, la visite de cette bibliothèque est recommandée.
D’autant que dans ce cadre, et à l’occasion du Mois du Patrimoine écrit, Elisabeth Lortic a réalisé pour l’association La Joie par les Livres une très intéressante exposition sur les ouvrages de photographie destinés aux enfants, ou prenant pour sujet les enfants. Une recherche qu’elle mène depuis longtemps, puisqu’elle a entre autres dirigé sur ce thème un numéro de “La revue des livres pour enfants”. Elle réunit dans cette exposition les éditions originales de plusieurs ouvrages “historiques” et dont les photographies sont signées Werner Bishof, Emmanuel Sougez, Robert Doisneau, Laure Albin Guillot, Edward Steichen ou Helen Levitt. Il y a bien sûr d’autres petits chefs-d’oeuvre à découvrir, notamment parmi les travaux de photographes d’aujourd’hui comme Tana Hoban ou Sarah Moon.
Mais cette exposition met aussi en lumière, et avec intelligence, les différents types de rapports que la photographie a pu entretenir avec le monde de l’enfance, souvent à travers l’illustration de grands textes littéraires. Des rapports inattendus, parce que les photographes ont abordé à cette occasion un genre d’images auxquelles on n’a pas nécessairement l’habitude de les associer, ou s’intéressent à l’enfance alors qu’on les sait captés par des sujets tout à fait autres. Ainsi, le livre destiné aux enfants a souvent constitué pour le photographe l’occasion d’expérimenter les différentes possibilités du médium, le rattachant à des démarches formalistes qui ont animé, en particulier dans les années trente et quarante, une bonne part de la création. À noter, en complément de cette exposition aux résonances didactiques, la présence d’un catalogue conçu de manière plutôt ludique.
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