Patrimoine

© Photo Philippe Migeat,
Centre Pompidou

Ma semaine

Bruno Racine, président du Centre Pompidou
Le successeur de Jean-Jacques Aillagon est le premier à jouer le jeu dans cette rubrique : il nous ouvre son agenda pour la semaine à venir.

16 septembre. Je réunis, comme chaque quinzaine, tous les directeurs du Centre, pour faire le point. Je me rends ensuite rue de Valois, au ministère de la Culture, dans le cadre de la préparation du budget 2003. L’an dernier, le budget du Centre Pompidou a été de 100 millions €. En réalité, comme c’est la cas pour beaucoup d’institutions culturelles, la marge de manœuvre est étroite. Les charges de personnel représentent près de 50 % de ce budget. Il faut ajouter d’autres dépenses comme l’entretien ou le nettoyage, qui est fondamental pour un lieu où passent chaque jour plus de 15 000 personnes.

17 septembre. Je me rends au vernissage officiel de l’exposition Matisse-Picasso aux Galeries nationales du Grand Palais, qui vient de la Tate Gallery et partira ensuite au Museum of Modern Art de New York. Nous sommes coproducteurs avec la RMN. Toutes nos expositions ne sont pas coproduites : ainsi nous montons seuls celles sur de Staël et la Chine en 2003. En revanche, celle sur le dadaïsme, prévue pour 2005, sera coproduite avec la National Gallery de Washington. Il faut s’y prendre longtemps à l’avance pour ces grandes opérations et souvent multiplier les assauts pour obtenir le prêt d’une œuvre majeure.

18 septembre. À la suite de mes anciennes fonctions, je me rends à Chambord en vue d’une exposition sur l’Italie qui aura lieu en 2003 ou 2004. Je garde des liens affectifs forts avec la Villa Médicis et je connais très bien mon successeur, Richard Peduzzi. Nous pourrons développer des initiatives communes, comme la présentation à Rome de photographies provenant de nos collections ou de l’exposition sur Roland Barthes, que nous organisons cet automne avec l’IMEC (Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine). Le Centre Pompidou n’a jamais été frileux dans sa politique d’itinérance. Nous avons déjà, en permanence, davantage d’œuvres montrées à l’extérieur, par l’intermédiaire de prêts ou de dépôts, que nous n’en exposons ici ! Mais je souhaite aller plus loin : mon idée stratégique est de projeter le Centre Pompidou à l’extérieur en deux ou trois lieux privilégiés. On peut bien sûr faire un rapprochement avec la Tate Gallery ou le Guggenheim, même si certains aspects commerciaux ou financiers de la politique de ce dernier ne cadrent pas avec notre tradition. Je compte me rendre prochainement à Metz, dont le maire manifeste un vif intérêt pour ces projets.

20 septembre. Je déjeune avec le responsable d’un orchestre parisien et me rends au vernissage de l’exposition Jean Renaudie, que nous coproduisons, à Ivry. J’ai longtemps assuré la présidence de l’Ensemble orchestral de Paris et je dois reconnaître que dans le brouillage actuel des frontières entre les formes d’art, la musique joue un rôle très important. Avec la manifestation «Sonic Process», qui ouvre bientôt, le Centre Pompidou est en pointe en Europe, avec ses partenaires de Barcelone. Nous réfléchissons aussi à un double projet d’exposition sur l’art et la musique pour 2004. Dans mon emploi du temps chargé, j’essaie de me réserver quelques plages de liberté. Pour visiter les galeries. Pour lire, aussi : je me suis récemment plongé, pour des raisons professionnelles - mais j’y ai trouvé un grand plaisir - dans l’histoire du Centre Pompidou de Bernadette Dufresne. Le trentième anniversaire du Centre coïncidera avec mon mandat. Et pour écrire ? Sûrement. J’ai toujours écrit sous contrainte, je n’ai jamais disposé de six mois de ma vie pour m’y consacrer. Il sera peut-être temps, plus tard, de postuler pour un séjour sabbatique à la Villa Médicis…


 Rafael Pic
16.09.2002