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Jacques Garcia, «susciter le rêve...»Le décorateur se remémore deux réalisations qui ont fait date dans sa carrière.
Ma première décoration, je l’ai faite pour moi-même. À l’âge de 18 ans, en 1965, j’ai arrangé mon premier appartement. Le sol et les murs étaient entièrement laqués blanc. Les murs étaient tapissés d’un grand tableau de Fontana, avec une fente, et d’œuvres d’Yves Klein. J’avais aussi disséminé dans l’appartement quelques meubles royaux que j’avais chinés, un très beau fauteuil Louis XIV et une table de BVRB. Aujourd’hui, ce type de décor est rentré dans les mœurs, c’est même plutôt classique, mais à l’époque c’était mal perçu. Avec ma tache bleue sur le mur, on me prenait pour un huluberlu. Quatorze ans après ce premier décor, j’ai acheté l’hôtel Mansart, la maison même de l’architecte Mansart, et j’y ai recréé une atmosphère baroque, proche de celle de l’Opéra-Garnier. Cela peut paraître étrange, mais, pour moi, c’est dans la même lignée. Ce n’est pas embourgeoisé. En réalité, je me sentais aussi bien dans le premier espace que dans le second. En tant que professionnel, je n’ai pas adopté la première voie. Le décor de l’hôtel de Mansart est à l’image de ce que j’ai pu faire par la suite pour mes clients. Ce qui me semble important, c’est de susciter le rêve. On peut rêver de la même manière dans la Galerie des glaces à Versailles et dans un décor minimal.
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