Politique culturelle

© Centre d’art contemporain de Vassivière

Guy Tortosa

Le directeur du Centre d’art contemporain de Vassivière, infatigable militant des échanges, nous précise ses motivations.

Comment êtes-vous devenu directeur de ce lieu ?
Guy Tortosa. Je me considère avant tout comme un amateur parmi les professionnels, spécialiste de rien pour être ouvert, et curieux de tout. Les institutions sont pour moi, qui ai le goût de la médiation, des véhicules permettant de faire se rencontrer des artistes et un public. Après avoir été directeur du Fonds régional d’art contemporain des Pays de la Loire, conseiller artistique pour le Poitou-Charentes, inspecteur chargé de la commande publique au ministère de la Culture, puis enseignant, tout en continuant à écrire et à organiser des expositions - Fabrice Hybert à la Biennale de Venise en 1997 -, je voulais me retrouver sur le terrain, revenir dans ma région de naissance pour lui rendre ce qu’elle m’avait donné puisque c’est grâce à son paysage fort que j’ai développé ma sensibilité esthétique.

Quelle est votre ambition ?
G. T. Je veux ouvrir ce lieu à d’autres créateurs, liés à l’environnement. Cela suppose de considérer le paysage comme un sujet fondamental et d’aborder les questions écologiques et politiques d’environnement et d’aménagement du territoire. Notre programmation va suivre ce fil rouge, cette cohérence d’une réflexion sur la représentation, l’évolution, l’identité des territoires que nous occupons. Le Centre d’art doit s’ouvrir sur l’extérieur en faisant en sorte que l’île et son parc de sculptures soit une œuvre, c’est-à-dire qu’il faut travailler sur les plantations, sur la forme des chemins, sur le mobilier, etc., sur le paysage lui-même comme œuvre. Et que l’on aille même au delà, comme on l’a fait avec le «C’Hybert rallye» ou le diaporama de Pierre Leguillon, en investissant les alentours et en développant des échanges avec des entrepreneurs locaux, des collectivités. Mon projet est que nous participions, comme un acteur parmi d’autres, en sortant du milieu un peu fermé de l’art contemporain, à la construction de l’espace public. Mon ambition est aussi d’aider à redynamiser la vie dans le pays et à sortir de l’opposition zone urbaine-zone rurale un peu simpliste.

Comment fonctionne le centre ?
Guy Tortosa. Il reçoit 450 000 € de subventions réparties pour moitié entre l’État et la région. Il est en passe d’être reconnu comme l’un des six centres nationaux d’art contemporain. Le bâtiment, qui vient d’être classé monument historique, a été conçu par Aldo Rossi en 1991. Sept personnes travaillent aux programme d’expositions, de rencontres-conférences, de séminaires, de production d’œuvres, car c’est très important pour moi de repositionner le centre de ce point de vue. Nous accueillons à peu près 10 000 à 15 000 personnes par an, à savoir la fréquentation la plus grande des centres d’art de province.


  Propos recueillis par Nolwenn Chauvin
15.10.2002