Klimt dans l’herbe verteLe Musée du Belvédère fait découvrir un aspect méconnu de l’œuvre de l’artiste viennois : ses paysages.
| Maisons à Unterach, huile
sur toile. © Galerie Autrichienne -
Belvédère, Vienne. |
VIENNE. On connaît le Klimt des femmes érotiques et sensuelles, le Klimt portraitiste de la haute bourgeoisie viennoise, le Klimt du Baiser et de La Frise Beethoven, mais très peu celui de la nature. Parce que moins intéressant ? Moins radicalement novateur ? Trop influencé par les impressionnistes français ? Erreur que de penser cela ! Les paysages auxquels s‘est consacré l‘artiste pendant les dix-huit dernières années de sa vie sont d‘une richesse bien plus grande que leur côté jolie-peinture-idyllique peut laisser penser. C‘est là le grand mérite de la magnifique exposition actuellement présentée au Belvédère, que de mettre en valeur la modernité du peintre viennois dans le traitement de ses représentations de la nature : rupture radicale avec toute tentative de reproduction (ce que les impressionnistes tentaient toujours de faire), et importance accordée à la composition de la toile, en tant que surface à deux dimensions.
La nature, que la nature...
Deux caractéristiques, dans ces tableaux, sautent immédiatement aux yeux : des dimensions peu usuelles, car le plus souvent carrées (1,5 mètre de côté). Et l’absence totale de tout être humain. «Au delà du plaisir que ressentait Klimt à se retrouver seul à la campagne (au bord du lac Attersee, où il passa tous ses étés de 1900 à 1918, année de sa mort, ndlr), ces peintures de paysages lui permirent de résoudre certains problèmes esthétiques fondamentaux», précise Stephan Koja, commissaire. Klimt supprime tout rapport au temps dans ses tableaux, qui apparaissent dès lors proches du rêve. «Mais surtout, poursuit Koja, ses paysages sont très soigneusement organisés sur l‘espace de la toile, en grandes masses géométriques, qui les rendent parfois très proches des premières tentatives de peinture abstraite, comme on les trouve chez Cézanne ou Mondrian». Même si l’artiste, en vrai Autrichien, ne put jamais se libérer complètement des tendances décoratives si fortes de ce côté-ci des Alpes.
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