L’Asie prend les TuileriesAvec une toute nouvelle biennale, une vingtaine de marchands motivés comptent faire revenir le marché de l’art asiatique en Europe.
| Costume No, époque Edo, 19e s.
© Sebastian Izzard. |
PARIS. Ses fondateurs entendent souligner l’indépendance de la première Biennale des arts asiatiques par rapport au Salon des arts asiatiques organisé en octobre dernier à l’hôtel Dassault par Nicolas Orlowski. «Nous sommes un salon par et pour des marchands, pas des organisateurs qui se chargent de vendre des espaces sans se soucier de ce qui arrive par la suite». Si Antoine Lebel, le président de l’association organisatrice, l’ASAA (Association des spécialistes des arts asiatiques), tient à ce point à cette précision, c’est qu’il a dû œuvrer pour asseoir la crédibilité de la biennale. «Organiser un nouveau salon, ça n’est jamais facile. Mais en plus, il a fallu convaincre d’importants galeristes étrangers qui étaient présents l’an passé et qui sont repartis un peu tristes, sans avoir fait d’affaires». Pourtant, sur le papier, la place est bel et bien vacante. Il n’existe aucun salon européen spécialisé et la très londonienne Asian Week ne suffit pas à équilibrer un marché qui reste essentiellement américain et asiatique. C’est donc sur un créneau ouvert que se situe la Biennale, organisée parallèlement à la «grand-messe» des antiquaires au Carrousel du Louvre. D’ailleurs, pour mieux bénéficier de cette émulation, les spécialistes de l’art asiatique ont misé sur un lieu plus connu dans le milieu de la mode que dans celui des amateurs d’art, le Carré des sangliers, soit 1500 m2 situés dans le jardin des Tuileries, derrière l’Orangerie.
| Vase en forme d’oiseau,
2200-1900 av. J.-C.,
terre cuite et incrustations de
coquillage, culture Qijia. |
Des pièces inattendues
Pour cette première édition, vingt-trois galeristes sont présents : les membres de l’ASAA ainsi que onze marchands européens sélectionnés par l’association. À côté des grands classiques - bronzes rituels Han (Artcade Gallery), estampes japonaises (Tanakaya) ou céramiques de la Compagnie des Indes (Bertrand de Lavergne, De Breyne & Hugues-Jean Lamy) -, on trouvera des pièces plus inattendues, tel un étonnant portrait en argile articulé d’un Marchand Hong apporté par Valérie Levesque. «La Biennale des antiquaires est destinée à alterner avec l’Automne asiatique, lancée en 1998 par Christian Deydier. Mais, l’an prochain, nous allons déroger à la règle», explique Antoine Lebel. «En 2003, le Syndicat national des antiquaires organisera au Carrousel du Louvre un salon intermédiaire, entre deux Biennales des antiquaires, divisé en zones thématiques, à la manière de Maastricht. Nous en rejoindrons la section asiatique pour bénéficier de la couverture du syndicat en matière de publicité et de communication, tout en veillant à conserver notre toute nouvelle identité. Et, dès 2004, nous reprendrons le rythme normal en faisant coïncider l’Automne asiatique avec la Biennale des antiquaires.»
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