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L’objet de Jacques Barrère

L’antiquaire présente une harmonieuse stèle votive de la dynastie Liao.


Stèle votive, dynastie Liao
(907-1125), marbre blanc avec
traces de polychromie, 66 cm,
Chine. © Galerie Jacques Barrère.
PARIS. Au centre, un Bouddha assis sur un trône. Son costume sobre contraste avec l’allure princière des boddhisatva, debout sur des socles de lotus. Ils portent de longs vêtements drapés, un diadème s’épanouit en corolle au sommet de leur tête et leur cou est ceint de colliers de perles. Au revers, une autre triade bouddhique apparaît, entourée d’une longue inscription. L’érosion a émoussé les détails de la ronde-bosse et partiellement effacé les caractères incisés.

Une iconographie inhabituelle
Depuis le Ve siècle, la sculpture bouddhique s’est développée en Chine. La triade en est l’une des formes les plus courantes. Cependant, l’iconographie de cette stèle en marbre d’une soixantaine de centimètres est inhabituelle. Au lieu de combiner le geste de l’abhaya mudrâ (l’absence de crainte) et du varada mudrâ (le don), les mains du Bouddha ont une pose rare. Même curiosité à l’arrière, où ses mains sont levées symétriquement au niveau du torse, paumes ouvertes et doigts à l’horizontale.

Entre raffinement et puissance
Cette stèle votive - estimée entre 150 000 et 200 000 € - date de la dynastie Liao (907-1125), fondée par des nomades venus des steppes du sud de la Mandchourie. Son style associe la sensualité Tang et une puissance « ethnique ». Au déhanchement raffiné, aux drapés souples et aux bouches délicatement ourlées s’associent des corps aux volumes pleins et des visages aux mâchoires carrées… Provenant de la collection Yamanaka, ce marbre conserve d’importantes traces de polychromie, laissant imaginer un univers peint aujourd’hui disparu.


 Zoé Blumenfeld
23.09.2002