Brassaï parmi les siensLe Centre Pompidou vient de recevoir une importante donation de la veuve du photographe hongrois.
| Statue du maréchal Ney dans
le brouillard, 1932, épreuve aux
sels d'argent © Estate Brassaï
CNAC / MNAM Distr.RMN |
PARIS. Cent quatre-vingts dix-huit tirages originaux, trente-six dessins, trente-sept sculptures et dix-huit épreuves couleur de Brassaï ont été donnés le 2 décembre dernier par la veuve du photographe, Gilberte Brassaï, au Musée national d’art moderne. «Il s’agit des œuvres que j’avais sélectionnées dans l’atelier en organisant la rétrospective de l’an 2000, explique Alain Sayag, conservateur. Certaines d’entre elles étaient restées en dépôt ici depuis lors pour des raisons de sécurité. Si on y ajoute les deux cents œuvres qui nous avions acquises auparavant - dans des ventes publiques ou auprès de Madame Brassaï -, notre collection réunit aujourd’hui presque toutes les œuvres que nous avions présentées lors de l’exposition, c’est-à-dire ce qui nous semblait être le plus représentatif de son travail». L’un des points d’orgue de l’ensemble est la seule série complète de Paris de nuit, l’ouvrage mythique publié à la fin 1932.
Une œuvre définitivement gelée
Quant on interroge Alain Sayag sur les raisons qui ont poussé Gilberte Brassaï à choisir le Centre Pompidou, il répond amusé : «C’est tout à fait logique. D’abord parce qu’il y a eu l’exposition. Mais aussi parce que Brassaï se considérait comme un artiste plutôt que comme un photographe. Il aurait souhaité être aux côtés de Picasso, Dali, Man Ray…» L’autre option possible était en effet le Patrimoine photographique qui reçoit certaines des donations faites à l’État. Mais cette solution n’aurait pu convenir car elle se heurtait à un problème crucial. «Brassaï ne voulait pas que de nouvelles épreuves soient commercialisées. La donation inclut 45 000 négatifs et 2 500 planches contact, mais nous ne pouvons les utiliser que dans le cadre de reproductions ou de tirages à statut documentaire. Son œuvre est donc définitivement gelée. Le Patrimoine photographique a une position différente à cet égard… »
Une exceptionnelle acquisition
En contrepartie de cette donation, le Centre Pompidou s’est engagé à faire connaître son nouveau fonds. Un petit nombre de pièces continuera a être présenté dans les collections permanentes du musée et des expositions temporaires seront organisées dans des lieux importants, à l’étranger. Si les négociations devaient aboutir, la rétrospective déjà présentée à Paris, Madrid ou Londres pourrait ainsi investir l’Albertina de Vienne au printemps prochain. Et Alain Sayag de conclure : «En plus de cette importante donation, nous venons d’acquérir, grâce à l’aide exceptionnelle de la Commission nationale de la photographie, l’ensemble des 4 000 négatifs de Dora Maar. Ils seront répartis entre le Centre Pompidou et le Musée Picasso, pour les œuvres documentaires et les portraits qui sont en liaison avec Picasso»
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