Axel Vervoordt jette l’ancre à ParisL’«antiquaire minimaliste» s’installe avec deux projets antithétiques : un stand sacralisé à la Biennale et une péniche baroque et zen sur la Seine.
| Jacob van Oost l’Ancien, Personnages
rassemblés autour d’une statue, 1640,
h. s. t., 187 x 240 cm. © Axel Vervoordt. |
PARIS. Axel Vervoordt a toujours voulu surprendre. En 1982, il investissait la Biennale avec un grand loft bétonné, pour une présentation neuve d’œuvres antiques ou contemporaines. Il marquait ainsi les esprits et renouvelait sa clientèle en attirant de nouveaux collectionneurs parmi lesquels Rudolf Noureïev ou Ralph Lauren. C’était au temps du Grand Palais… Aujourd’hui, les grands espaces se font rares. «Au Carrousel du Louvre, les organisateurs ont moins de place, ils sont à court de stands. J’en ai accepté un petit à la condition de pouvoir organiser un autre événement… une proposition que le comité a acceptée». Et voilà donc l’antiquaire à la recherche d’une idée originale qui ne tarde pas à s’imposer : amarrer une péniche aux abords de la passerelle Solférino. «C’est un écho à nos locaux. Car, outre le château médiéval de Gravenwezel, nous avons racheté un ancien site industriel à Wijnegem. Il s’agit d’une ancienne malterie que nous avons baptisée le «Kanaal» et auprès de laquelle les barges viennent jeter l’ancre. Il s’agit d’y exposer les objets d’une façon beaucoup plus actuelle pour montrer ce qu’il y a d’éternel dans l’art».
Une péniche en galerie
Cet espace insolite a été entièrement réaménagé pour l’occasion. À l’entrée, des objets anciens et modernes s’accumulent dans une pièce carrée, la Chambre rouge conçue comme un atelier d’artiste idéal. Vient ensuite une grande galerie où seront organisés des concerts. La lumière y est tamisée, mettant en valeur quelques-unes des pièces majeures. On y trouve un bureau anglais Regency aux montants sculptés en forme de lion, une tapisserie consacrée à l’histoire de Méléagre et Atalante ou des Personnages dans une cour autour d’une statue, un tableau à l’ambiance très vénitienne, peint vers 1660 par le brugeois Jacob van Oost le Vieux. C’est également ici qu’est exposée une huile monumentale d’inspiration caravagesque du Maître de la nature morte de Hartford. Clou de la visite et nouvel élément de surprise, une salle entièrement blanche est organisée autour de Satellite Sculpture, une création d’Anish Kapoor. Un univers éphémère en complet décalage avec la «perspective sacrée» adoptée dans le cadre de la Biennale.
Et un temple à la Biennale
Son stand, Axel Vervoordt l’a en effet conçu comme un temple miniature dont les proportions respectent la règle d’or. Y sont présentés en vedettes un chat en bronze égyptien d’une quarantaine de centimètres dans un très bel état de conservation et une véritable pièce de Wunderkammer : une coupe d’apparat en ivoire et en corne de rhinocéros montée en argent et vermeil par Johann Mathias Scheppich, en 1675. Autour de ces chefs-d’œuvre, de petites niches ont été aménagées pour accueillir, d’une part, une sculpture de Vénus romaine en marbre blanc et, d’autre part, des estampes et une tête sculptée en bois de Picasso provenant de la collection de Dora Maar.
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