Art Forum, sept ans de réflexionAu rendez-vous d’art contemporain berlinois, les galeristes français sont rares mais fidèles.
| Yue Minjun, Monument, 2001,
h. s. t., 290 x 200 cm.
© Prüss & Ochs Gallery Berlin. |
BERLIN. L’an passé, malgré un contexte international pour le moins défavorable, Art Forum avait enregistré une affluence record : 172 galeries avaient fait le déplacement tout comme 24 000 visiteurs, venus pour 20 % d’entre eux de l’étranger (Danemark, États-Unis, France, Grande-Bretagne et Suède). Cette année, ce sont 155 exposants venus de 25 pays différents qui ont été attirés par l’orientation toujours plus spécialisée du salon. «La foire de Berlin a complètement abandonné l’art moderne pour se concentrer sur le contemporain. Elle a un profil très intéressant pour des galeries qui sont centrées sur la promotion de nouveaux talents. C’est un peu l’Armory Show européen», explique Bernard Zürcher.
Les contacts plutôt que la vente
Il est l’un des quatre galeristes à représenter la France avec la Galerie du Jour, Gilles Peyroulet et Sollertis, tous des habitués depuis qu’Yvon Lambert a renoncé à faire le déplacement. Que viennent-ils chercher dans la capitale allemande alors même que certains reconnaissent qu’il ne s’agit pas d’une foire réellement marchande ? «On sait qu’on ne va pas y vendre grand chose mais cela apporte une réelle visibilité», poursuit Bernard Zürcher. Visibilité auprès des fondations d’entreprises et des Kunsthalle allemandes dont les représentants aiment à visiter cette foire plus calme et plus lisible que les «monstres» de Cologne et Bâle. Visibilité aussi auprès des privés. «Le public d’Art Forum est plutôt jeune et il ne comporte pas de grands collectionneurs, à l’exception de ceux que « l’on apporte » », explique Dominique Chenivesse de la galerie Gilles Peyroulet. Il faut leur présenter des artistes connus en Allemagne pour les amener vers des œuvres nouvelles ».
Un salon tourné vers le Nord et l’Est
Ces impressions, Fabrice Fauche, le directeur de la galerie Sollertis, à Toulouse, les partage. Il est le seul Français à avoir été présent aux six premières éditions d’Art Forum. «Le salon a changé, petit à petit, tout comme ma manière de l’envisager. Au départ, il me semblait important de participer à cet acte autonome de galeries créant leur propre foire. Aujourd’hui, je reste attiré par sa structure démocratique unique : le placement des galeries est alphabétique. Il ne dépend pas des décisions du comité d’organisation. Et puis, avec cette foire, on va au-delà de l’axe rhénan Munich - Bâle - Milan. On se recentre sur une scène berlinoise devenue essentielle et sur les pays de l’Est». Et Dominique Chenivesse de conclure : «On peut presque dire que les Français sont absents… Ils préfèrent courir à New-York alors qu’il vaudrait peut-être mieux rester plus près. L’Allemagne constitue un fort potentiel pour le marché et permet d’ouvrir les portes du marché de l’Europe du Nord ».
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