Accueil > Le Quotidien des Arts > Tempêtes sur une petite planète

Expositions

Tempêtes sur une petite planète

Le Centre d’art contemporain et du paysage de Vassivière présente les travaux de deux plasticiens, Michael Dans et Bertrand Lamarche, et du jardinier écologue, Gilles Clément, sur le thème des bouleversements de la nature.


Bertrand Lamarche dans la salle des
études Station des eaux usées, 2002
dimensions variables, commande
publique du CNAP/Ministère de la
culture et de la communication
collection du Fonds National d’Art
Contemporain
La France a connu, en 1987 et 1999, deux tempêtes dont les dégâts furent tels que nombre de territoires en gardent encore les séquelles. Le drame subi, tant humain qu’écologique, doit être l’occasion de repenser les méthodes de gestion du patrimoine naturel. La démarche du «jardinier planétaire» Gilles Clément s’inscrit dans cette réflexion. Il a ramené de ses voyages une série de photographies qui exposent les traumatismes générés par le feu, le vent ou l’eau sur le paysage. Sa démonstration, loin de n’être qu’une succession d’images de catastrophes, s’appuie sur une analyse plus subtile des forces en jeu et des moyens mis en œuvre pour réparer ces maux. Il prône le respect de l’environnement et témoigne des diverses actions mises en place en ce sens dans plusieurs pays. Plutôt que l’éradication de plantes ou l’élagage des arbres, il prend en considération le caractère vivant de la nature et sa mise en valeur : c’est tout un mode de fonctionnement rationnel basé sur une nature ordonnée et rentable qui est à repenser.


Gilles Clément, Repousse des
Tussoks et Button Grass (pyrophytes
passives). Tasmanie centrale
photographie couleur
© photographie Gilles Clément.
Le hasard et ses conséquences
Moins politique, la proposition de Bertrand Lamarche rejoint ses travaux sur les forces, les tensions et les torsions, phénomènes fondamentaux d’énergie qui le fascinent. Conçue comme une ville imaginaire, la maquette de Water Station reprend l’architecture d’une station d’épuration. Un bassin rempli d’eau, éclairé par deux spots, est filmé par une caméra placée dans une nacelle dont le mouvement circulaire du bras génère un tourbillon, projeté et agrandi sur un mur. Malgré sa poésie, l’idée qu’une si petite structure provoque le même tourbillon que celui, destructeur, d’un cyclone, laisse rêveur ! Small Noise, le mikado géant de Michael Dans, remet en cause ce «hasard» de la nature. L’enchevêtrement des baguettes de bois rappelle celui des troncs d’arbres abattus par la tempête. Or, cette situation, si elle est le fait d’éléments naturels, a des origines humaines puisque le travail destructeur du vent a été facilité par des méthodes de plantation artificielles et une industrialisation effrénée…


 Nolwenn Chauvin
30.07.2002