La ville en TatiramaLa ville selon Jacques Tati ou les trente glorieuses revisitées.
| Jacques Tati, Arrêt sur image du film
Mon oncle (1958).
© Les films de Mon Oncle. |
Jour de fête (1949), Les vacances de Monsieur Hulot (1953), Mon Oncle (1958), Playtime (1967), Trafic (1971) et Parade (1973) couvrent les trente glorieuses, période pendant laquelle progrès technique et scientifique rime avec modernité et abondance. Les villes nouvelles poussent comme des champignons, les logements modernes et biens de consommation deviennent accessibles au plus grand nombre, et les machines libèrent peu à peu les hommes des tâches ménagères. Les films de Tati ont l’art de traiter cette nouvelle réalité avec humour. Pour mettre en images la société en pleine mutation, le cinéaste aime forcer le trait. Sa critique, toujours empreinte d’humanisme, est une observation pertinente des fonctions de la ville - habiter, travailler, circuler - et de la notion de patrimoine historique.
| Jacques Tati, Travailler, Arrêt sur
image du film Mon oncle (1958).
© Les films de Mon Oncle. |
Modernité et aseptisation
Avec Mon Oncle, Tati s’intéresse à la modernité domestique, aux nouveaux modes de vie urbains et à l’univers fonctionnaliste de l’usine, désormais si différents des rythmes «villageois» encore présents dans les faubourgs et les périphéries des grandes villes. Dans Playtime, il met en scène l’univers aseptisé de certains quartiers, comme Paris-La-Défense, aux bâtiments uniformes et transparents. Tati s’est inspiré des États-Unis, reconstruisant en grandeur réelle un décor de ville américaine pour les besoins du tournage. Le cinéaste savait choisir ses collaborateurs : le peintre Jacques Lagrange fut l’architecte-concepteur de la Villa Arpel de Mon Oncle et de Tativille pour Playtime. Une maquette animée de la maison désormais mythique est d’ailleurs présentée. Une belle plongée dans l’univers ludique et décalé de Tati.
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