| Tate Modern.
© Tate Modern. |
Une Tate toujours plus tentaculaireGrâce à une politique d’exposition temporaire particulièrement dynamique et des partis pris audacieux, la Tate Modern affiche de nouveaux records de fréquentation.
Depuis son lancement en mai 2000, le musée annonce avoir accueilli 10 millions de visiteurs. Pour faire face à l'affluence, la direction prévoit même d’ouvrir les portes du musée aux ultimes visiteurs de l’exposition Matisse-Picasso durant toute la nuit du 17 au 18 août. Construite dans les années cinquante par Sir Gilbert Scott, l’inventeur des célèbres cabines téléphoniques rouges, cette centrale électrique désaffectée abrite l’une des plus importantes collections d’œuvres d’art du XXe siècle en Europe. Son réaménagement en musée par les architectes suisses Herzog et de Meuron s’inscrit dans une politique d’ouverture internationale par rapport à l’ancienne Tate Gallery et, plus largement, dans un plan urbanistique de revalorisation.
| Vue intérieure de la Tate Modern.
© Tate Modern. |
Iconoclaste et rafraîchissant
Les partis pris muséographiques de la Tate Modern ont fait couler beaucoup d’encre. Refusant un accrochage chronologique, la Tate rompt avec une vision qui consiste à présenter l’art moderne et contemporain comme une marche ascensionnelle vers des innovations plus remarquables. Tout comme ses homologues américains, le MOMA de New York en tête, le musée anglais s’inscrit délibérément contre une hiérarchie évolutionniste et privilégie un accrochage thématique. Ainsi, il abolit les différences entre les courants et les mouvements et permet des regards croisés, notamment entre la vidéo contemporaine et l’art cinétique. Une mise en scène iconoclaste et rafraîchissante.
Les visiteurs apprécient-ils cette manière de compresser le temps, de renverser les perspectives, de renouveler les accrochages des collections permanentes à intervalles réguliers en échappant quelque peu au carcan de l’histoire de l’art ? Les choix muséographiques de la Tate ne cessent de susciter les interrogations de la critique, et son accrochage de l'exposition Matisse-Picasso n'a pas apaisé la controverse. S'il est difficile de dire que cette muséographie discutée se trouve plébliscitée par une fréquentation aussi massive, on retiendra en tout cas qu'elle ne semble pas l'avoir freinée...
| Stéphanie Younès 03.08.2002 |
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