Eduardo Costantini
L'édifice du MALBA
| | Eduardo Costantini : « Je suis devenu collectionneur sans le savoir »L'homme d'affaires a fondé le nouveau grand musée de Buenos Aires, le Malba, pour abriter sa collection d'art latinoaméricain. Il nous rappelle la genèse du projet.
D’où vous est venu l'idée de créer ce musée ?
Eduardo Constantini. Ce projet s’est élaboré peu à peu. Le premier pas date de mes trente ans lorsque j’ai commencé à acheter des œuvres d’art. A 23 ans, je voulais déjà acquérir un tableau de Berni, mais l’argent me manquait, alors le galeriste m’a proposé d’acheter deux œuvres en quatre versements. Deux de ces tableaux étaient de peintres argentins. Sans même le savoir, je suis devenu collectionneur. Dans les années 80, la collection a été spécialisée dans l’art latino-américain tandis que la décision était prise en famille de donner la collection sans pour autant savoir qui la recevrait.
Quand votre collection a-t-elle été présentée au public ?
Eduardo Constantini. Pour la première fois en 1996, bien qu’elle n'ait été présentée que partiellement. L’exposition s'est déplacée de São Paulo, à Rio de Janeiro, Montevideo et Madrid. L’année suivante, on m'a fait part de la possibilité d'obtenir un terrain (c'et celui de l'emplacement actuel du musée) que j'ai tout de suite perçu comme lieu idéal pour la construction du MALBA.
A qui appartient concrètement la collection ?
Eduardo Constantini. La collection Constantini est au nom de la fondation. A son tour, la fondation a construit l’édifice et est dans l’obligation de subvenir aux besoins du musée, au moins pendant les premières années de son lancement.
Vous savez qu’il est inhabituel qu’un patron investisse 80 millions dans l'Argentine d'aujourd'hui. Bénéficiez-vous d'exonérations fiscales ou de subventions ?
Eduardo Constantini. Aucune, je n’ai bénéficié d'aucun privilège fiscal, dans ce pays il n’y a pas de dégrèvement des impôts. J'ai en revanche obtenu l'appui du gouvernement provincial et du gouvernement national. Au début du chantier, il y a eu une série de faux pas, l'opposition de certains députés. Malgré des démarches difficiles, nous avons abouti à un résultat final satisfaisant.
Comment évoluera la collection ? Y aura-t-il des donations ?
Eduardo Constantini. La collection est composée de 220 œuvres excellentes, de différents pays latino-américains comme La manifestation de Berni et beaucoup d’autres... Mais ceci est en même temps un embryon de collection. Nous imaginons une collection en constante évolution. Les donations entrent dans la tradition des musées. Notre exposition s'enrichit déjà d'une œuvre de Marin, le sculpteur mexicain, qui fait le déplacement pour la mettre en place.
Quel a été votre investissement ?
Eduardo Constantini. J’ai investi 25 millions de dollars, cette somme comprenant le terrain. Maintenant, nous avons un budget de 4 millions de dollars par an. Une partie proviendra de billets, des sponsors et des différentes activités, le reste sera fourni par la fondation. Vous savez, je me consacrais auparavant à mes entreprises. Aujourd'hui, j'ai Nordelta, Consultation et… le musée.
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