Que ferez-vous cette semaine ?

Lundi 23 septembre. En tant qu’administrateur de la société des amis du Festival d’automne, j’irai à la soirée des mécènes, lors de l’inauguration, au Théâtre du Châtelet. Cette année, le programme porte sur la Corée. C’est un pays où je ne suis jamais allé mais que j’apprécie a priori ! Lorsque je dirigeais l’Opéra Bastille, c’est moi qui suis allé chercher un jeune chef coréen, qui restera comme l’un des plus grands du siècle, Myung-Whun Chung. Je collectionne de l’art asiatique : j’ai des pièces chinoises et japonaises, mais je n’ai jamais acheté d’art coréen.

Mardi 24 septembre. Je participe à une réunion du prix littéraire Décembre, dont je suis le mécène. Être mécène ne veut pas dire que j’y ai une voix prépondérante. Pour preuve : je me suis battu pour que Christine Angot l’obtienne, Sollers était dans mon camp, et nous n’avons pas obtenu la majorité ! La littérature m’occupera aussi la semaine suivante avec une réunion du prix Giono et du comité Jean Cocteau. Je suis le titulaire du droit moral de Cocteau. Une très importante exposition lui sera consacrée au Centre Pompidou dans un an. Je prêterai quelques œuvres, en particulier des portraits de lui par d’autres artistes : un Marie Laurencin, un Modigliani, deux Andy Warhol. Lorsque les musées me le demandent, je n’hésite pas à prêter des œuvres. Pour l’exposition sur le surréalisme à New York, par exemple, j’avais prêté le manuscrit de Nadja par André Breton. Je suis bibliophile, sans privilégier d’époque en particulier. Je possède la première édition de Louise Labé, de 1515, aussi bien que l’exemplaire de Madame Bovary dédicacé à Victor Hugo. Depuis peu, je m’intéresse aux livres d’art des XIXe et XXe siècles. Je viens d’acheter le catalogue en plusieurs volumes de la collection Spitzer, ce cabinet de curiosités médicales que l’on exhibait sur les foires et qui avait fasciné Paul Delvaux dans sa jeunesse.

Mercredi 25 septembre. Je vais au Musée d’Alençon, qui avait demandé à Yves Saint-Laurent de lui prêter un florilège de robes en dentelle et où l’exposition est déjà commencée. À propos d’expositions, j’irai voir «Matisse-Picasso», même si je n’aime pas ce principe d’opposition. J’ai l’impression d’assister à un jeu télévisé. Et je sais déjà pour qui je penche : Matisse bien sûr. Le grand Picasso, c’est celui du cubisme. Pour le reste, c’est Matisse qui est allé beaucoup plus loin.

Jeudi 26 septembre. Je dîne avec mes collègues de ma nouvelle maison de ventes. Vous vous souvenez que j’avais un grand projet pour Drouot. Ce n’était certes pas par passion pour les commissaires-priseurs, qui n’arrivent jamais à se mettre d’accord, mais pour créer une grande maison de ventes française. Cela n’a pas fonctionné. Poussé par les uns et les autres, j’ai quand même créé une maison avec quatre associés : Buffetaud, Chambre, de Nicolay et Godeau. Nous inaugurons nos locaux le mois prochain, rue Drouot, à l’ancienne étude Buffetaud, agrandie de quelques étages. Cette maison grandira doucement, je suis patient. Nous sommes en pourparlers avec d’autres - je ne peux pas vous révéler les noms. Je veux une grande exigence, à tous les niveaux, dans les catalogues par exemple. Ils doivent être très documentés. On doit y faire figurer des observations que les commissaires-priseurs ne précisent généralement pas, spécifier, par exemple, si le tableau a été réentoilé.

Vendredi 27 septembre. Je me serai déjà rendu à la Biennale des antiquaires pour le vernissage du 19 mais j’y retournerai sans doute plusieurs fois cette semaine. J’irai aussi chez les Kugel, pour ce qui est à mes yeux l’un des événements majeurs de la rentrée, l’exposition sur les sphères célestes et terrestres. Je n’en possède pas mais j’ai, en revanche, avec Yves Saint-Laurent, des astrolabes très anciens. Nous les avons déposés dans le petit musée que nous avons ouvert à Marrakech, dans le jardin Majorelle.