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Expositions

Buddy Di Rosa à Sète

L’enfant prodige est de retour au pays avec une exposition rétrospective.


Richard Di Rosa, Poule,
bronze peint.
© Galerie Anne Lettrée
SÈTE. Dans la ville, des affiches de ses sculptures inondent les panneaux municipaux, les habitants parlent de leur «Buddy», la presse locale ne tarie pas d’éloges envers ce Sétois qui, il y a dix ans, offrait à la ville une gigantesque Madone qu’il posa sur ses hauteurs. Le maire, le président de la région et même le peintre Soulages assistent à l’inauguration de sa rétrospective. Ils sont tous là, sauf Hervé di Rosa, le frère aîné, avec lequel il formait un duo de choc. Avec Robert Combas, Rémi Blanchard, François Boisrond, ils inventèrent ensemble la Figuration libre, ce courant marquant un retour au figuratif qui connut ses heures de gloire dans les années 1980. Mais ce temps n’est plus, les deux frères sont en guerre et Richard trace sa route.

Des Formels aux poules Dodo
Une route «en pointillés» que le visiteur parcourt à travers trois salles d’exposition du grand musée de la ville, depuis les premières sculptures et maquettes réalisées dans les années fastes jusqu’à la statuaire de femmes africaines (1999). Dans le public, les enfants eux aussi sont présents. Caressant une énorme sculpture couleur jaune Banania aux yeux globuleux, ou riant face à des sculptures de personnages difformes sans cou, sans visage ou sans corps, ils sont ici chez eux. S’ils prennent un réel plaisir à découvrir l’univers fabuleux des Simplons (personnages filiformes) et des Formels (personnages obèses), des René aux formes tubulaires et des poules Dodo anguleuses, c’est bien parce que ce sont eux, leur fraîcheur, leurs jeux, leurs dessins - ceux des deux enfants de Richard - qui ont inspiré l’artiste tout au long de sa carrière. De cette Josephine Baker (1994), un métal filiforme entouré de bananes et surplombé d’un gros œil, à ces Mumuyé (1991), statues rituelles faites de matériaux de récupération, en passant par les séries d’animaux et de femmes enceintes, l’artiste parle un langage simple et affectif qui, l’air de rien, montre l’essentiel. Sans jamais piétiner, Richard di Rosa a su faire évoluer son travail de façon impressionnante, au gré des années, des rencontres et des voyages. Après de nombreux séjours en Afrique entre 1997 et 2001, Richard Di Rosa change de codes et peuple son «bestiaire» de personnages et matériaux nouveaux. Patinées et ambrées, érotiques et sensuelles, loin des couleurs acidulées des premières années, les récentes sculptures en bronze de femmes ghanéennes qui clôturent l’exposition semblent annoncer une nouvelle époque. Il se trouve dans cette dernière salle un air du temps, une esthétique proche de l’«ethnic chic». L’âge de la maturité ?


 Anouchka Roggeman
31.10.2002