Selest'art, une biennale intimiste

Haut-lieu de l’humanisme et siège du Fonds national d’art contemporain d’Alsace, Sélestat ne craint pas les anachronismes. Elle se fait forte au contraire de les provoquer dans le cadre de Sélest’art, la biennale d’art contemporain. De l’église Saint George à la Halle aux blés, de la Passerelle sur l’Ill à la façade de la bibliothèque humaniste, libre choix aux artistes d’intervenir sur le patrimoine. Karin Graff, commaissaire de la biennale, nous invite à découvrir cet événement.

Dans quelles conditions sont choisis les artistes destinés à transfomer Sélestat ?
Karin Graff. De nombreux artistes originaires du monde entier nous envoient des candidatures, et nous rencontrons régulièrement des créateurs contemporains. En général, notre choix repose sur une préférence subjective, sachant que nous devons tout de même tenir compte des contraintes techniques, financières et de sécurité qu’implique une exposition dans un lieu public. Les exposants sont des artistes de tous âges, de toutes tendances et de toutes origines. Le seul principe que nous ayons est de ne jamais inviter deux fois le même artiste .

De quelle nature sont les œuvres exposées ?
Karin Graff. Cette année, treize artistes dont Catie de Balmann, Robert Cahen, Holger Trülzsch et Francisco Ruiz De Infante exposent des sculptures, vidéo, photographies et installations. Il y a quelques mois, ceux-ci ont choisi un endroit particulier de la ville afin de créer une œuvre conçue spécialement pour ce lieu. Il s’agit donc d’œuvres nouvelles, pensées pour la ville de Sélestat. Avant, toutes les manifestations étaient présentées dans un même lieu couvert. Depuis 1999, elles sont exposées à l’extérieur, au sein même de la ville. Sachant qu’elles sont ainsi soumises aux intempéries, il s’agit plus souvent d’installations que de peintures, moins résistantes. Cette année par exemple, Florian Tiedje a réalisé une œuvre intitulée L’homme à la rivière qui est une photographie flottant sur l’eau de l’Ill. Ou les œuvres sont éphémères, ou les artistes emportent leurs œuvres près l’exposition, mais il arrive aussi que la ville désire en garder. Ainsi l’année dernière, la commune de Sélestat a-t-elle fait l’acquisition d’une installation faite de jeux d’ombres et de lumières, de l’artiste italien Fabrizio Corneli.

Quelle est la portée de cette manifestation ?
Karin Graff. La biennale connait un succès grandissant, auprès d’un public de plus en plus large. Sélestat est une ville peu connue, mais qui offre de nombreux attraits, comme son église romane ou la magnifique bibliothèque. Exposition libre et gratuite, Selest’art est l’occasion d’attirer des visiteurs. Ainsi dimanche dernier, le lieu d’exposition du Frac a-t-il accueilli près de 900 personnes à lui seul. Les écoles organisent également des visites guidées pédagogiques pour les écoliers et lycéens de la région. Au-delà de cet afflux naturel de visiteurs, nous avons élargi notre périmètre d’exposition avec la nouvelle participation du Château du Haut-Königsbourg, qui souhaitait participer à Selest’art. Grâce à un partenariat avec Monum (centre des monuments nationaux), nous avons pu exposer une double installation lumineuse de Michel Verjux, éclairant simultanément le château et l’hôtel d’Ebersmünster de Sélestat.