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Patrimoine

Byzance renaît à Gaza

Une mission archéologique franco-palestinienne découvre les vestiges d'un monastère byzantin.

NOUSSEIRAT (bande de Gaza), 6 août (AFP) - Des archéologues français et palestiniens ont mis à jour près de la ville de Gaza les vestiges d'un ancien monastère byzantin, qui, espèrent-ils, sauront attirer les touristes une fois la paix revenue dans cette région. Situé à dix kilomètres au sud de Gaza, le site de Nousseirat, enfoui sous un vignoble luxuriant, remonterait à la fin du quatrième siècle après Jésus-Christ. Il a commencé à être mis à jour par l'Autorité palestinienne en 1998, quatre ans après qu'Israël lui eut remis le contrôle de la bande de Gaza.

«Les Israéliens avaient découvert ce site par hasard quand ils occupaient la région, mais n'avaient pas poussé plus loin leurs recherches», explique Abdelaziz Midan, responsable de la mission archéologique mise sur pied par des experts français, grâce au financement du consulat français de Jérusalem. «Nous travaillons en étroite coopération avec les Palestiniens au ministère du Tourisme et des antiquités. Nous leur apportons notre savoir technique, et, en échange, ils nous font bénéficier de leur connaissance du terrain», assure René Elter, responsable de la mission française.

Quand tout le site, qui s'étend sur un hectare et demi, aura été mis à jour et que ses mosaïques auront été restaurées, les Palestiniens espèrent le transformer, entièrement ou en partie, en un musée, avec l'aide des Français. «Pour l'instant, il n'y a pas de touristes mais nous espérons qu'ils viendront un jour», affirme Ahmad Abdelrahman, responsable des fouilles, dont la beauté et l'originalité attirent les étudiants et les habitants d'une région plongée dans la détresse et la pauvreté.

«Le monastère a été construit à l'origine autour de la dépouille de Saint Hilarion qui s'était établi ici comme ermite. C'est avec lui qu'a commencé la construction de monastères dans la Palestine historique», explique M. Elter. Saint Hilarion, d'origine grecque, est né à Gaza en 329 après JC et avait fui à Chypre après que des adeptes se furent installés dans l'ermitage où il vivait reclus. Il est mort à Chypre mais quelques années plus tard, vers 370, ses restes furent ramenés à Gaza.

Le site a une grande valeur pour l'archéologue français parce qu'«il lie les Palestiniens à leur histoire ancienne, à leurs racines et à leurs ancêtres», dit-il. «En fait, les Byzantins sont davantage leurs ancêtres que les nôtres», ajoute-t-il. La partie nord du site abrite les vestiges d'une demeure et les restes bien conservés d'un hammam, ou bain turc, avec des baignoires en marbre, de grandes piscines et une plomberie sophistiquée. «Des Egyptiens, des Perses et des Grecs ont aussi habité la bande de Gaza. Les plus vieux vestiges découverts dans la région datent d'il y a 3500 ans et sont égyptiens», explique également M. Elter. Selon MM. Midan et Abdelrahman, «la Palestine et les Cananéens qui la peuplaient alors ont toujours été occupés mais il y a des occupations meilleures que d'autres". Selon M. Midan, «les maîtres du pays ont changé plusieurs fois mais la population est restée à peu près la même».

L'archéologue ne peut s'empêcher d'attirer l'attention de ses collègues sur un F-16 israélien en train de survoler les fouilles. «C'est surréaliste de travailler ici où nous sommes coupés des réalités, sauf quand on perçoit le bruit des bombes, des tirs et des avions au loin», dit-il, tandis que des ouvriers palestiniens s'activent pour dégager et nettoyer des mosaïques aux teintes bleues, rouges, vertes et ocres merveilleusement intactes.

Sophie Claudet

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  AFP
07.08.2002