Orozco fait parler les mursSoixante-dix ans après sa création, la grande fresque du muraliste mexicain au Dartmouth College est enfin reconnue à sa juste valeur.
| Jose Clemente Orozco
The Epic of American Civilization:
Ancient Human Sacrifice ,
Fresque - Panneau n° 3 - 1932-34.
© Hood Museum of Art, Dartmouth
College. All rights reserved. |
L’épopée de la civilisation américaine. Cela pourrait être le titre d’un livre d’histoire, il s’agit en l’occurrence de la fresque réalisée par le peintre mexicain José Clemente Orozco (1883-1949) dans les sous-sols de la Bibliothèque Baker du Darthmouth College à Hanover dans l’état du New Hampshire aux Etats-Unis. Au total, vingt-quatre panneaux peuplés de figures symboliques et théâtrales sont déployés sur près de vingt-huit mètres, ponctués de portes et fenêtres. Orozco le muraliste forge son vocabulaire dans l’iconographie mythologique et historique, entre tradition préhispanique et modernité nord-américaine. Depuis L’arrivée de Quetzalcoatl, le dieu aztèque qui découvrit Mexico jusqu’à L’homme industriel moderne, le peintre propose une vision sombre et apocalyptique de l’humanité.
| Jose Clemente Orozco
The Epic of American Civilization:
The Coming of Quetzalcoatl
Fresque - panneau n° 5. 1932-1934
© Hood Museum of Art, Dartmouth
College. All rights reserved. |
L'enthousiasme des Rockefeller
Quand en 1932, le Collège de Dartmouth commande cette fresque, de nombreuses contestations nationalistes se font entendre. Non seulement, l’artiste est «révolutionnaire», mais c’est un étranger dont les préocupations sociales et politiques de gauche sont parfaitement éloignées d’une vision bien-pensante et puritaine chère à la Nouvelle-Angleterre. Dartmouth passe outre ces protestations notamment grâce à l’appui de la famille Rockefeller qui sut apprécier l’esthétique et l’humanisme du mouvement muraliste mexicain. Cet enthousiasme s’essouffle, quand en 1933, Diego Rivera peint le portrait de Lénine sur les murs du Rockefeller Center. Le muraliste mexicain fut renvoyé, le portrait recouvert.
| Stéphanie Younès 24.08.2002 |
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