Portraits d’ici et d’ailleursLes prix du CCF pour la photographie ont été décernés à deux jeunes créateurs qui portent la même attention au visage humain.
| © Rip Hopkins, Sergeï Saidamirov,
32 ans, chômeur, et son neveu
Saidamir, 2 ans, Kulyab, près de
la frontière afghane, 12 août 2001 |
PARIS. Rien de commun à priori entre Laurence Demaison et Rip Hopkins, les deux lauréats 2002 du prix créé il y a sept ans pour récompenser des photographes contemporains, «travaillant sur des représentations du réel» et n’ayant pas édité d’ouvrage monographique. La première, née à Grenoble en 1965, s’ausculte en noir et blanc, le second, né à Sheffield en 1972, pose son objectif en couleur sur des peuples lointains, en l’occurrence les Tadjiks. Ne sont-ils pas en quête, au fond, du même objet ? Chez Laurence Demaison, la recherche de l’universel passe par un matériau qu’elle interprète depuis des années - son visage, son corps - en le soumettant à des distorsions optiques qui rappellent les images de Bill Brandt et de Kertész. Dans la cave médiévale voûtée, ses tirages sobrement exposés renvoient encore plus loin dans le temps, aux anamorphoses maniéristes. Rip Hopkins cherche, lui, la précision extrême. Sur ses clichés d’intérieurs modestes, on distingue clairement la marque du réfrigérateur «Minsk» ou l’inscription «Nike» sur la chaussette de l’agent de voyage Ilhom Mamadsafoev. Mais ces visages forts, profonds, qui ne minaudent pas comme ceux de nos présentateurs de télévision, ont, eux aussi, quelque chose d’éternel. Et les somptueux tapis multicolores, qui rappellent les tableaux de Holbein, leur offrent un cadre idéal, hors du temps.
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