Le Mali fil à filUn échantillon de textiles, provenant du musée de Bamako, souligne un goût millénaire pour la couleur et les formes géométriques.
| Fragment de couverture et de bonnet,
coton teint à l’indigo, Bamako.
© Musée national du Mali. |
Si l’accès au Pavillon des Arts est plus désagréable que jamais - le Forum des Halles vieillit mal et les odeurs qui le baignent sont fort entêtantes - voilà qui est dommage tant l’exposition actuellement présentée est rafraîchissante. En préfiguration de sa rétrospective de l’hiver prochain, le musée malien a prêté ses plus beaux textiles. Dans la production contemporaine, on remarque des pagnes peuls en fils industriels, des moustiquaires Senufo en coton teint à l’indigo, des boubous en basin brillant (recouverts de gomme arabique, ils sont battus au maillet de bois pour obtenir un aspect lustré). La technique bogolan, aux belles teintes terre de Sienne, est un exemple parfait de développement durable : les motifs sont dessinés, sur des tissus préalablement baignés dans une décoction d’écorces, à l’aide d’une boue que l’on a laissé macérer en pot. Rien que de très naturel ! La scénographie de Jean-Louis Pivin et de Joël Andrianomearisoa joue habilement sur les effets d’entassement des textiles, suspendus comme s’ils séchaient au bord d’un fleuve ou composant les reliures d’une bibliothèque idéale. Dans la pénombre, des vitrines disposées en labyrinthe exposent de très anciens spécimens, tissés par le peuple Tellem qui habitait autrefois la falaise de Bandiagara. Ces fragments de cache-sexe, de tuniques ou de bonnets en coton remontent pour certains au XIe siècle.
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