Le sel, une «industrie» lucrative à l'âge du ferDe nouvelles découvertes bouleversent l'image des travailleurs du sel en Lorraine, au premier millénaire avant J.-C.
La découverte ce mois-ci par des archéologues d'éléments de collier de corail dans la vallée de la Seille (Moselle) a bouleversé l'image des travailleurs du sel à l'âge du fer (1er millénaire avant J.-C.), souvent décrits comme des prolétaires ou des esclaves. Pour Laurent Olivier, conservateur au Musée des antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), cette trouvaille donne des indications inédites sur le statut social des travailleurs du sel gemme : «ce qu'on a trouvé ici bouleverse l'idée héritée du XIXe siècle sur les travailleurs de la vallée : on peut désormais conclure, contrairement à ce qu'on pensait, qu'ils touchaient les dividendes de leur activité». Soigneusement rangés dans de petites boîtes en plastique, deux morceaux de corail percés de trous, «probablement originaires de Méditerranée orientale», selon M. Olivier, feront l'objet d'analyses plus poussées en laboratoire. Selon les scientifiques, une équipe formée de Français, d'Allemands, d'Américains et de Britanniques, cette découverte n'est qu'un début : d'autres prospections doivent être entreprises par campagnes successives de cinq semaines jusqu'en 2005, avant que les fouilles proprement dites ne commencent.
Reconnaissances géophysiques
Les perspectives offertes par les premières prospections enchantent les archéologues. «Nous allons tenter de déterminer la hiérarchie sociale, les périodes d'expansion et de dépression, les conditions d'un commencement de construction d'Etat avant la romanisation», explique M. Olivier. Au programme en 2003, l'équipe se penchera notamment sur les techniques de fabrication des fourneaux à sel. En 2004 et 2005, l'effet du déboisement pour la chauffe des fourneaux à sel, la localisation et la datation au carbone 14 des nécropoles, constitueront l'essentiel du travail. Par ailleurs, les reconnaissances géophysiques au sol ont mis cette année en lumière le caractère massif de l'industrie préhistorique du sel. «Nous avons découvert du briquetage, représentant des batteries entières de fourneaux à sel», assure M. Olivier. La masse totale des débris présents sur le terrain est estimée à 3 à 5 millions de mètres cubes. Les archéologues, géologues, archéo-botanistes, du Musée national des antiquités, de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) et de la société britannique AOC Archaeology, ont entamé leurs recherches en juillet-août 2001 et les ont poursuivies cette année. Le gisement de sel de la Seille, déposé par la mer il y a environ 250 millions d'années, est accessible sur plus de 10 kilomètres de longueur entre les villages de Salonnes et de Marsal (Moselle).
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