Gros plan sur la peintureComment lire une peinture ? À quoi sert la perspective ? Les couleurs ont-elles toutes les mêmes fonctions ? L’ouvrage de Nadeije Laneyrie-Dagen entend bien répondre à toutes ces questions.
Si les visiteurs se sentaient déjà obligés d’acheter le sacro-saint «guide de la collection» à l’entrée de chaque musée, ils devront, à présent, se munir de cet ouvrage, censé apporter des éléments de lecture pour toutes les œuvres peintes. Existe-t-il une ou plusieurs lectures possibles ? L’auteur aborde cette question de fond sous forme de fiches thématiques. La rubrique «Carte d’identité» explique de manière précise les différentes composantes d’un tableau, du support aux matériaux, en passant par la signature et les dimensions. L’évolution du retable à la pala est présentée sous forme de schémas détaillés tandis qu’un historique de la peinture à l’huile révèle toutes ses caractériques. La lecture reste parfois un peu complexe - le lecteur a-t-il besoin de savoir qu’en Italie «Les compositions sont synthétiques» alors qu’en Flandre «La manière de peintre est plus analytique» ? Certains sujets abordés ne manquent pas d’intérêt comme les péripéties du Polyptyque de l’Agneau mystique de Van Eyck caché durant la Réforme puis volé à deux reprises, en 1934 et durant la Seconde Guerre mondiale.
La peinture à livre ouvert
Si l’œuvre de Michel-Ange à la Chapelle Sixtine de Rome est décrite dans ses moindres écoinçons, il reste difficile, pour qui n’a jamais visité ce lieu, de différencier les ignudi et les sibylles sur des vignettes de petites dimensions. Qu’elle soit diminutive, empirique, centrale, linéaire, classique ou inversée, la perspective n’aura plus de secret pour qui s’arrête au chapitre «Composition». Comprendre l’intérêt du dessin dans l’élaboration d’une peinture ? L’auteur détaille aussi bien les techniques comme la sinopia (dessin sous-jacent aux fresques) que des outils comme le fusain ou le lavis. Ceux qui s’intéressent à l’évolution des canons de beauté apprécieront le front bombé de l’Eve de Cranach l’Ancien, la silhouette généreuse de L’Amour sacré du Titien et les corps juvéniles des odalisques de François Boucher. Une telle analyse de la figure ne pouvait ignorer les autres interprétations du corps : Cézanne, Picasso, Orlan. En ce qui concerne les différents courants artistiques, abordé dans «Les styles», l’ouvrage prend le parti de commencer avec le gothique italien pour finir avec le postimpressionnisme. Faut-il comprendre que les œuvres du XXe siècle n’entrent pas dans les critères de lecture de ce livre ?
| Stéphanie Magalhaes 09.09.2002 |
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