Appel tord le cou à CoBrALa rétrospective du Kunstforum prouve que le peintre hollandais n’a rien perdu de sa verve.
| Karel Appel, Femme agenouillée,
2000, h. s. t., 260 x 200 cm,
collection particulière.
© Photo Tom Haarsten.
Ouderkerk a/d Amstel. |
VIENNE. Après l’éclatement en 1951 du groupe CoBrA (auquel participèrent les belges Alechinsky et Bury, les néerlandais Appel, Constant et Corneille, et les danois Jorn et Pedersen), chacun s’engagea dans une démarche artistique personnelle. Un des intérêts évidents de la très belle rétrospective consacrée à l’œuvre de Karel Appel, tient dans la réduction considérable de l‘influence de l’expérience CoBrA dans le développement ultérieure du peintre. «Tous les journalistes qui viennent me voir continuent de m‘interroger sur CoBrA, c‘est vraiment lassant !», s’est exclamé Appel devant la presse autrichienne. Cette période, qui date d’il y a un demi siècle et n‘a duré que trois ans, n‘a en fait aucune importance pour moi.
Une violence expressionniste intacte
L‘exposition de Vienne, si elle montre quelques œuvres très intéressantes de cette vieille époque, accorde une place privilégiée aux tableaux les plus récents de l‘artiste. Boomerang de la pensée (2000), Femme agenouillée (2000) ou Mutation du paysage (2002) permettent de se rendre compte que le vieil Hollandais de 81 ans n‘a rien perdu de cette vigueur gestuelle qu‘on lui connut lorsqu‘il œuvrait à New York dans les années 1970 et où, selon ses propres dires, il pouvait «s‘engager dans un tableau sans savoir où [il] aboutirait. Aujourd‘hui, si le trait est devenu plus discipliné, il n‘a cependant rien perdu de sa violence expressionniste. Avec une concentration toujours intense portée à la lumière. «Lorsque je peins des paysages, je supprime tout : les maisons, les rues, les arbres, les voitures... Tout, sauf la lumière.» Le résultat, où presque aucun élément reconnaissable ne demeure, pourrait passer pour de l’art abstrait. Ce qu’il n’est pas.
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