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Jack Lang : «Un parking à la place des colonnes de Buren»L’ancien ministre de la Culture revient sur les Journées du patrimoine, qu’il a créées en 1984, et sur leur diffusion internationale.
Je trouvais souhaitable d’associer les citoyens, de les «mettre dans le coup» comme on dit, en ouvrant très largement, et gratuitement, les portes des monuments historiques une fois par an, ce qui ne se faisait pas auparavant. Une exigence de justice militait notamment pour cela : ces monuments appartiennent aux Français, puisqu’ils sont entretenus et restaurés avec l’argent public. La première édition des Journées du patrimoine, celle de septembre 1984, a été mise sur pied très rapidement, en quelques mois. Nous n’avions pas obtenu l’ouverture de lieux symboliques comme la présidence de la République ou Matignon mais nous y sommes parvenus un ou deux ans plus tard. En revanche, de nombreux ministères et toutes les institutions du Palais-Royal, comme le Conseil d’État, étaient ouverts. À l’époque, il n’y avait pas encore les colonnes de Buren mais un parking que tout le monde a oublié aujourd’hui ! L’année suivante, en 1985, à Grenade, j’ai proposé à nos collègues européens de la Culture de s’y associer : aujourd’hui, plus de vingt pays organisent des journées du patrimoine. Une anecdote me tient à cœur. Quelques mois après les journées «fondatrices» de 1984, une femme remarquable, Mme Barracco, qui militait pour la sauvegarde de Naples, m’a appelé, enthousiasmée. Dès qu’elles ont été organisées sur place, les journées du patrimoine ont suscité la passion des Napolitains. Je suis fier de penser qu’elles ont eu un rôle essentiel dans la renaissance de cette ville fascinante, alors en plein déclin.
| Propos recueillis par Rafael Pic 21.09.2002 |
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