En souvenir de Kafka

PARIS. En s’engageant dans la cour intérieure du 21, avenue du Maine, on pénètre dans un des lieux les plus fréquentés par les artistes au début du XXe siècle, de Marie Vassilieff à Picasso, de Braque à Cendrars. Un havre de verdure qui a failli partir sous la pioche des promoteurs il y a quelques années… Dès l’entrée, Adolf Hoffmeister évoque, avec Les voyages de Franz Kafka (1966), le triple héritage culturel (juif, slave et germanique) de l’auteur du Procès, plus loin un paravent peint par Kupka évoque la présence des artistes tchèques en France dès la fin du XIXe siècle.

De Mucha à Iribe
Le rez-de-chaussée est consacré aux artistes ayant côtoyé l’écrivain. Aux côtés de toiles de Mucha, La Mort de Saint Adalbert ou Le Suicide de Pierre de Vignes, sont mis en vis-à-vis des artistes moins connus comme Othon Coubine ou Georges Kars. Ce dernier, membre du «Groupe des huit», rejoint Paris en 1908 et se lie d’amitié avec Valadon, Utrillo et Pascin. Ses nombreuses études de nus féminins occupent tout un mur de l’exposition. L’œuvre de Kafka est présente par des citations extraites de son Journal rythmant l’accrochage de la série du Bal costumé par l’illustrateur Paul Iribe (1883-1935).

Escalier pour l’angoisse
Peu connue de son vivant, l’œuvre de Kafka est aujourd’hui considérée comme une source d’inspiration par les artistes contemporains. L’escalier exigu mène le visiteur dans l’univers angoissant de l’écrivain. Les portraits de famille colorés de Valerio Cugia, les pastels d’Anne Gorouben, l’Hommage à Kafka de Florence Chabrières contribuent à évoquer l’ambiance inquiétante de la Métamorphose. Alors qu’en 1947, Roger Pic immortalisait la représentation du Procès au théâtre de Marigny par des clichés en noir et blanc, aujourd’hui encore des photographes comme Christian Parisot et Hélène Moulonguet s’intéressent au parcours de celui qui a consacré sa vie à la littérature.