Les Gonzague, un monde disparuLe Palazzo Ducale de Mantoue relève avec brio un ambitieux défi : reconstituer la collection de l’ancienne famille régnante.
MANTOUE. L’élan culturel de Mantoue, à l’est de la Lombardie, date des premières décennies du XVe siècle, avec le duc Gian Francesco qui fit venir des artistes du calibre de Pisanello. Ses successeurs, notamment Francesco II, l’époux d’Isabella d’Este, firent de la ville une capitale artistique de l’Occident. Ce niveau d’excellence fut maintenue jusqu’à l’époque du maniérisme grâce, notamment, aux initiatives architecturales de Frédéric II, qui invita Giulio Romano et lui confia la réalisation de l’extraordinaire Palazzo Te. Vers 1650, la collection familiale comptait plus de deux mille tableaux de très grande valeur et vingt mille objets précieux. Mais l’âge d’or avait en réalité pris fin avec la régence du faible Vincenzo II. Criblé de dettes, il céda en 1627 une bonne partie de sa collection à Charles Ier d’Angleterre et dut soutenir dans le même temps un assaut dévastateur des lansquenets. A la mort du duc, les pièces restantes furent vendues aux enchères et le patrimoine des Gonzague finit dans le giron des autres cours européennes.
| Peter Brueghel le jeune,
Noces paysannes,h.s.t., 104 x 127 cm
© Dublin, National Gallery of Ireland. |
Entre Vénus et Olympe
Il aura fallu cinq ans d'effort de la part d'une soixantaine de spécialistes, réunis sous la direction d'Andrea Emiliani et de Raffaella Morselli, pour reconstituer ce que l'on nommait à la fin du XVIe siècle la Galerie céleste. L'objectif a été atteint grâce au prêt d'œuvres par les plus grandes institutions du monde : le Louvre, le Prado, la National Gallery, etc. Parmi les tableaux exposés, on reconnaît le très célèbre Christ mort de Mantegna, qui devait n'être prêté qu'un mois par la pinacothèque de Brera mais qui vient de bénéficier d'un sursis, le Portrait de jeune femme au miroir de Titien, l'Assemblée des dieux de l'Olympe de Rubens ou la Toilette de Vénus de Guido Reni. La passion pour les pays du Nord s'incarne dans les chefs-d'œuvre de Lucas Cranach et de Dürer ou dans le célèbre Portrait d'Erasme par Quentin Metsys. D'autres pièces - bijoux, sculptures, armes cristal de roche, etc - complètent le travail d'évocation historique, qui emprunte le parcours de l'époque à l'intérieur du Palais ducal. Ce qui permet - et ce n'est pas le moindre charme de l'exposition - d'en redécouvrir certains espaces méconnus.
| Luca Salco (exibart.com) 30.09.2002 |
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