L’Amérique d’avant PollockL’art américain ne naît pas, comme on le prétend trop souvent, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Il existe une histoire de l'art occidental qui a été forgée aux États-Unis et qui fait autorité depuis des décennies : l'art moderne naît en France avec l'impressionnisme et se développe à Paris jusqu'en 1914. L'Europe serait encore le foyer principal de la création entre les deux guerres et puis, tout à trac, New York reprend le flambeau de la création pour ne plus l’abandonner. Rien n'est plus absurde. Les peintres américains d'avant les années quarante sont considérés comme des pionniers, des cas ou des «primitifs». L'intérêt majeur des brillantes études réunies par Francesca Castria Marchetti est de considérer le développement intrinsèque de l'art des États-Unis.
De l’Ouest sauvage au Pop Art
Elle part donc des premières influences anglaises, de la peinture de l'Ouest sauvage, qui est placé à l'enseigne des sciences de la nature et d'un certain romantisme (avec de superbes surprises), puis se développe avec un réalisme très particulier, dont l'empreinte sera profonde. Elle rend justice à l'impressionnisme local, dont Whistler n'est pas le seul représentant. Mary Cassatt, William Chase, le remarquable John Sargent figurent parmi les grands maîtres de cette période. Elle s'intéresse de très près au Groupe des Huit, qui compte, au début du XXe siècle, des personnalités peu connues mais passionnantes, comme John Sloan, George Bellow, George Luks et surtout l'étonnant Guy Pène du Bois. La suite, nous la connaissons un peu mieux : elle concerne la naissance tâtonnante des avant-gardes avec Max Weber Mardsen Hardley, Arthur Dove et Georgia O'Keeffe qui évoluent autour de la galerie d'Alfred Stieglitz. Apparaissent pendant les années vingt des figures légendaires du réalisme made in America, telles que Charles Sheeler, Stuart Davis et enfin le célèbre Edward Hopper. Mais qui connaît l'extravagant Thomas Benton, qui introduit un expressionnisme unique en son genre ? La fin est plus connue, elle a fait la gloire du Nouveau Monde : c'est l'expressionnisme abstrait, le Pop Art, etc. L’aventure continue...
| Gérard-Georges Lemaire 01.10.2002 |
|