New York : un nouveau départ avec la photo

Les affaires reprennent dans les grandes maisons d'enchères. Chez Swann, sur la 25e rue, le programme prévu depuis longtemps devrait être respecté. Le clou de la vente est une édition en 20 volumes de l'œuvre de Edward S. Curtis sur les Indiens d'Amérique du Nord, The North American Indian, Being a Series of Volumes Picturing and Describing the Indians of the United States and Alaska. Il s'agit du tirage limité financé par Curtis sur papier Japon, dont on n'a imprimé, semble-t-il, que 292 des 500 exemplaires projetés, entre 1907 et 1930. Malgré l'absence d'un volume, cette série, portant le numéro 96, est évaluée à plus de 500 000 dollars.

Autres pièces de choix, les épreuves sur albumine de Thomas Eakins (1844-1916), un photographe de Philadelphie intéressé par les forêts et les activités de plein air. Le portrait de deux rameurs en plein effort pourrait atteindre 100 000 dollars. Herbert Bayer, un ancien du Bauhaus, fasciné comme beaucoup de ses contemporains par le pont transbordeur de Marseille (30 000 dollars), Margaret Bourke-White, Cartier-Bresson, Lewis Hine, avec des images de machines, Alfred Stieglitz et ses peupliers de 1932 (30 000 dollars) ou les canailles saisies par le flash de Weegee sont au programme de la session du soir.

On aura auparavant suivi le sort de pièces moins cotées pendant la vacation du début d'après-midi. Une image de la cathédrale de Rouen, tirée par Blanquart-Evrard en 1851, voisine avec divers cartes de visite, des séries sur l'Egypte (Frank Mason Good ou Arnoux) ou le célèbre portrait de Aubrey Beardsley par Frederick Evans (vers 1890). Parmi les images inattendues, Yul Brynner nu dans l'objectif de George Platt Lynes (1942) ou le sanglant assassinat du dirigeant socialiste japonais Asanuma en 1961 (qui a obtenu le prix Pulitzer). Quant aux photos d'enfants urinant, par Manuel Alvarez-Bravo ou Robert Doisneau, elles auraient toutes les chances d'être retirées aujourd'hui des manifestations internationales…