Turin met ses musées en boîte

TURIN. La capitale du Piémont se prépare avec sérieux à son grand rendez-vous de 2006 - les jeux olympiques d’hiver. Elle se dote d’installations sportives mais n’oublie pas, au passage, de moderniser son équipement culturel. Au royaume de Fiat, la faveur faite à Venise - qui a depuis près de vingt ans le privilège d’accueillir au palazzo Grassi les grandes expositions sponsorisées par la multinationale - n’avait jamais été acceptée de pleine grâce. L’avvocato Gianni Agnelli a donc décidé de rendre hommage à sa ville. Sur le toit de l’usine mythique du Lingotto, active de 1916 à 1982, là où se trouve la célèbre piste d’essai qui dialogue avec le ciel, il a fait bâtir par Renzo Piano une boîte métallique de 450 m2. À l’intérieur, vingt-cinq des toiles qui ornaient jusqu’à ce jour les résidences de l’homme le plus célèbre d’Italie : six Canaletto, un Tiepolo, deux Picasso - dont un cubiste, le seul de cette période dans un musée italien. Et un ensemble qui pourrait presque faire de l’ombre à l’Ermitage : sept Matisse, sept chefs-d’œuvre du maître de la couleur, datés de 1920 (Femme et Anémones) à 1948 (Branche de prunier). La veille, le 19 septembre, la Fondazione Sandretto Re Rebaudengo, créée en 1995 sous l’impulsion de Patrizia, la jeune héritière de la dynastie industrielle, avait inauguré son nouvel espace. Il arbore une forme similaire, signée Claudio Silvestrin, mais y loge, sur 3500 m2, un contenu fort différent : ce qui se fait de plus contemporain sur le sol italien. Son mentor est Francesco Bonami, un «Chicago boy» (il y est commissaire au Museum of Contemporary Art), auquel a été confiée la direction de la Biennale 2003 à Venise. Turin, aux attraits entièrement résumés dans son musée égyptien ? Les temps ont changé.