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Expositions

Monet, Le bassin des nymphéas, 1900, Paris, musée d'Orsay
© Linea d'Ombra


Monet, roi du plein air

Trévise, dans l’arrière-pays vénitien, propose un panorama des paysages de Monet.

Une de plus ! serait-on tenté de dire. Comme pour Van Gogh, les rétrospectives Monet fleurissent un peu partout et il est malaisé de démêler le bon grain de l’ivraie. Celle-ci s’ouvre dans la délicieuse petite ville de Trévise, patrie de Tommaso da Modena, à deux pas du campanile, sur un paisible canal. Le sponsor principal, la banque Cassamarca, a visiblement donné aux organisateurs les moyens de leur ambition. La logistique était en effet particulièrement ardue à mettre en place puisque les tableaux proviennent de très nombreux prêteurs, du musée d’Orsay à la collection Barber de Birmingham, du Michigan Museum of Art au musée national de Belgrade.

Qu’entend démontrer l’exposition ? Rien de vraiment nouveau, à savoir que Monet a été fasciné toute sa vie durant par la nature, le jeu de la mer, du vent ou des nuages. Et qu’il n’a pas pour autant négligé les paysages urbains dont la gare Saint-Lazare - déclinée sur une bonne dizaine de toiles - est la représentation emblématique. Le parcours a au moins le mérite de la clarté et fournit des illustrations bien choisies. On s’est d’abord attaché aux rapports de Monet avec la Normandie (sa patrie, il est du Havre) et la Bretagne. Varengeville, Etretat, Honfleur ou Belle-Ile sont devenus des grands classiques du peintre, qui, très jeune, y a posé son chevalet, sur les traces de Boudin et des premiers apôtres de la peinture de plein air. Puis, installé à Paris, Monet ne pouvait manquer de céder au charme de la Seine, beau ruban gris qu’il allait observer à Chatou ou Argenteuil. Cette deuxième section décline immanquablement les clichés de l’impressionnisme. Mais comment l’éviter ?

Une troisième partie s’attache aux vues urbaines et villageoises. Saint-Lazare mais aussi Westminster et Venise (1908), où le peintre vieillissant donne lui-même les clés de l’impressionnisme le plus anecdotique. Moins connues sont les images des ports de Norvège et de Hollande. En conclusion - ce ne sera pas non plus une surprise - on accompagne Monet jusqu’à ses derniers jours dans le jardin de Giverny et ses inévitables nymphéas, qui sont devenus comme sa signature ad aeternam. Pour les faire prospérer, le peintre s’était permis de dévier l’Epte, un affluent de la Seine. On ose espérer - histoire de redonner un peu de piment au patriarche momifié - qu’il n’avait pas les autorisations nécessaires…


 Rafael Pic
02.10.2001