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Sur les chemins de la chine

Hubert Duez, spirituel expert ès puces, nous retrace l'histoire de cent objets-clés.

Saviez-vous que les ombrelles, sous l’Ancien Régime, s’achetaient chez les gantiers ? Que les collectionneurs d’armes blanches se nomment spathaphiles, les spécialistes en poupées, plagonophiles, les amateurs d’éventails, ékraventuphiles, et les fouineurs de boutons, fibulanomistes ? L’auteur passe en revue les principaux objets de convoitise des chineurs, fussent-ils amateurs ou chevronnés. A chacun de ces objets, il accorde un texte malicieux, qui en résume l’histoire de façon savoureuse. Sans jamais oublier, en bon professionnel, de donner une cote pour orienter le curieux. Sachez donc qu'à défaut de Stradivarius (il n’en reste que 450 dans le monde), vous pourrez négocier un bon violon de Mirecourt à 10 000 FF. Une pipe en écume ayant appartenu à Sarah Bernhard vous reviendra à 8 000 FF. Un face-à-main en or du 18e siècle peut s’emporter pour 15 000 FF mais rien ne vous empêche de lui préférer un appeau, ou leurre à oiseaux, de la même époque, dix fois moins dispendieux.

Parmi les champions toutes catégories, une théière Koroyo du 12e siècle vous donnera la satisfaction de remplir un chèque à six zéros. De cet éminent récipient au modeste bourdaloue, on glane au passage mille anecdotes ou faits historiques croustillants : ainsi cette vente aux enchères savamment orchestrée en 1770 par le duc de Choiseul, dont la capacité à faire monter les prix émerveilla Grimm ; ainsi, cette très new-yorkaise naissance du premier stylographe, inventé par le sieur Waterman, furieux de l’énorme tache laissée sur un contrat par sa plume défaillante. En quelques lignes, l'auteur trace un petit traité de l’évolution à travers les âges de la cuiller et du cuilleron. Il vous éclaire sur le porte-éclats, cette torche résineuse qu’utilisaient les paysans du 17e siècle pour illuminer – nous dirions plutôt enfumer - leurs intérieurs blafards. Une plume alerte, une curiosité infatigable : excellents ingrédients pour faire naître une vocation de collectionneur chez le lecteur néophyte. Un regret, cependant, l'absence d'index qui aurait permis de se frayer un chemin à travers une véritable jungle d'objets...


 Rafael Pic
10.08.2001