Le Modulor entre au Centre

PARIS. Alors que le centre Georges Pompidou s’ouvre depuis une dizaine d’années à l’architecture et au design, seules quelques peintures témoignent du travail de Charles-Édouard Jeanneret. «Beaucoup de travaux de l’architecte sont conservés à la fondation Le Corbusier dans le XVIe arrondissement. Nous avons eu la chance de trouver un mécène comme le Crédit Immobilier de France pour acquérir une œuvre unique en son genre témoignant à la fois de son travail d’architecte et de peintre. C’est une véritable icône», explique Alfred Pacquement, directeur du Musée national d’art moderne. L’œuvre sera exposée, à intervalles réguliers, dans la section consacrée à l’architecture du milieu du siècle. Datée de 1950, cette composition associe dessin à l’encre et collage de papiers gouachés. À l’image de l’Homme de Vitruve de Léonard de Vinci, elle est le résultat des recherches menées par l’architecte, à partir de 1943, pour définir un système de mesure basé sur les proportions du corps humain. De cette théorie a vu le jour la Cité Radieuse de Marseille (1946-1952). L’homme se tient debout, un bras levé, l’autre le long du corps dans un espace marqué de repères horizontaux. Face à lui, des formes géométriques colorées de bleu et de rouge rappellent la progression des séries du mathématicien Fibonacci (1175-1240).

Un mécène enthousiaste
«C’est la première fois que nous menons ce type d’opération avec une institution muséale. Lorsque le Centre Georges Pompidou nous a contacté, il s’agissait de sauver une œuvre mise en vente par la galerie Zlotowski à Paris et qui suscitait déjà un intérêt sur le marché international. Au-delà du civisme, cette pièce à forte résonance symbolique correspondait aux valeurs de nos actionnaires. Le Modulor était une tentative de Le Corbusier de présenter l’homme comme unique mesure de tout cadre de vie. En tant que groupe financier issu du mouvement HLM, il nous a paru important de le rappeler», explique Claude Sadoun, président du Crédit Immobilier de France. Combien a coûté cette pièce ? « Un prix raisonnable compte tenu de la grande importance de l’œuvre».