Du dessin à la constructionManlio Brusatin revisite l’histoire de l’architecture au prisme de ses représentations graphiques.
«Les lignes sont à l’architecte ce que les couleurs sont au peintre et les images au sculpteur.» Dans Histoire de la ligne, Manlio Brusatin conclut sa vaste analyse des beaux-arts, entamée avec Histoire des couleurs (publiée en français en 1986) et Histoire des images. Si les premières pages en forme d’ode poético-philosophique peuvent surprendre, l’auteur, historien d’art et architecte, propose ici une réflexion sur l’architecture par le biais du dessin, plutôt que celui des réalisations matérielles.
De Dédale au Bauhaus
Ce parcours débute avec un symbole de la ligne et de la construction, le labyrinthe de pierres : celui de Dédale, l’architecte mythique, comme celui dont les maçons médiévaux marquaient le pavement des cathédrales. Sur le papier, on voit ainsi les transpositions graphiques des lignes d’un édifice ou de sa façade - les iconografia et les ortografia de la Renaissance - remplacées par des projets de construction de la main de l’architecte pour qui l’apprentissage du dessin devient alors primordial. Ce phénomène propre à cette discipline que Brusatin caractérise en ces termes, «la ligne va vers la pierre», n’est pourtant qu’une phase de l’évolution. Aux XVIIIe et XIXe siècles, on retrouve en effet des représentations à nouveau «artistiques», en ce qu’elles ne correspondent plus à aucune construction réalisable. En moins de 200 pages et avec force rapprochements érudits, ce parcours mène jusqu’au XXe siècle et à la recherche d’une ligne juste qui doit manifester la qualité intrinsèque des créations des membres du Bauhaus.
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