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Musées

Musiques au corps

La nouvelle galerie contemporaine du Musée de la musique ouvre ses portes sur sa première exposition pluridisciplinaire.


Daft Punk, Around the World, 1997,
vidéoclip de Michel Gondry.
© Virgin labels.
PARIS. «Lorsque je suis arrivée au Musée de la musique, en mars 2000, le département de musique du XXe siècle avait fermé ses portes depuis quelques mois parce qu’il ne correspondait pas aux attentes du public. Nous avons réfléchi pour concevoir un espace mettant moins en avant les instruments, dans un souci d’approche thématique et transversale plutôt que chronologique», explique Emma Lavergne, conservateur. Depuis, le projet a pris son envol. L’espace de 400 m2 qui avait déjà accueilli les expositions «La parole du fleuve» et «La voix du dragon», consacrées aux harpes africaines et aux cloches chinoises, a été entièrement remanié par Christian de Portzamparc. Le résultat : une grande marelle faisant alterner zones blanches et noires. Chacune d’elle est isolée par des kakemonos en résille métallique, des écrans qui pourront être déplacés de manière à réinventer une nouvelle scénographie pour chaque rentrée. «Tous les ans, au mois d’octobre, nous proposerons une présentation conçue comme un pont entre les différents courants musicaux, depuis les années 1950. Au lieu d’alterner jazz, rock et musiques électroniques, nous adoptons des approches plus transversales : le rapport de la musique à l’espace ou la place du musicien dans la société».

Electric Body
La première présentation s’intègre dans la programmation Electric Body qui propose également l’exposition «Jimi Hendrix backstage», deux rétrospectives de films - consacrées au même Hendrix et à David Bowie - et des concerts. Pour explorer la dimension corporelle de la musique, instruments, clips et œuvres plastiques ont été convoqués. On croisera ainsi le costume de l’homme-tambour inventé en 1971 par Mauricio Kagel pour son opéra Staatstheater, une kendra indienne - un instrument à corde anthropomorphique -, des mannequins robots de Kraftwerk, un costume taillé par Jean-Paul Gaultier pour Madonna, Rock and roll combo de Georges Segal. Nam June Paik occupera une place de choix, lui qui collabora avec John Cage et Stockhausen au studio de musique expérimentale de Cologne avant de composer Charlotte Moorman Robot et TV Cello avec sa complice violoncelliste Charlotte Moorman. La Music Box vient conclure ce parcours sur un clin d’œil. Dans une salle circulaire, la boîte de jour, un mannequin en résine de Bernard Lallemand s’anime au rythme de la musique de Michel Guillet sous son propre stroboscope… Confrontation du public avec un night-clubber artificiel qui danse sans se soucier de ceux qui l’entourent.


 Zoé Blumenfeld
18.10.2002