Opération Phénix

PARIS. Le 29 mai dernier, un incendie détruisait en moins de quatre heures les 3 000 m2 de l’entrepôt des Belles Lettres, à Gasny (Eure). Les flammes emportaient les livres stockés par une cinquantaine de petits éditeurs diffusés par la société ainsi que la bibliothèque qui comptait notamment la collection Budé, un ensemble de classiques grecs et latins publiés en version bilingue depuis les années 1920. En quatre mois, les appels à la solidarité n’ont pas manqué, lancés par Le Nouvel Observateur. Constitué pour l’occasion, le Comité Opération Phénix a mis en place une nouvelle initiative. «Nous avons été émus par cet événement qui a révélé de manière aveuglante la fragilité des choses de l’esprit dans un monde où les livres sont traités en marchandises, comme des savonnettes», explique Michel Ellenberger, l’un des trois membres du comité. «Nous nous sommes demandés ce que nous pouvions faire… Nous sommes journalistes : nous savons écrire et nous avons un carnet d’adresses. Nous avons donc contacté des artistes qui nous ont donné des œuvres dans un élan de bonne volonté».

Vedettes et artistes méconnus
Le résultat final est une exposition à La Galerie, 24 rue Guénégaud, au terme de laquelle la centaine d’œuvres réunies seront mises en vente par Pierre Cornette de Saint-Cyr. Les sommes recueillies devant être reversées à neuf éditeurs qui se consacraient à plein temps à cette activité. Les vedettes de la scène parisienne - Buraglio, Ben, Adami, Alechinsky - y côtoient celles d’artistes sélectionnés de manière personnelle par les critiques et les éditeurs, «parce que nous ne voulions pas jouer les “Médecins sans frontière” et envoyer du personnel qualifié sur le terrain sans tenir compte des besoins». Parmi les œuvres figurent une Boule bibliophage de Jean-Luc Parant, avalant un recueil de poésies, et une gravure d’Emmanuel Saulnier inspirée par Macbeth, spécialement dédicacées pour cette vente, mais aussi trois albums d’Aurélie Nemours ou un journal manuscrit de Christian Bobin…