Le grand Barney circusPour la première fois en France, Matthew Barney présente son cycle Cremaster, ambitieuse tentative de fusion des arts.
| © Muriel Carbonnet |
PARIS. Cremaster ? C’est, en anglais, le muscle tenseur des testicules. Un nom de baptême inattendu, qui ne fait pas justice de la volonté de l’artiste de réunir en un dispositif inédit le cinéma, la sculpture, la photographie et le dessin. Matthew Barney (né en 1967) met en scène des êtres hybrides, des corps fictifs aux prises avec des forces d’ordre divers - organiques, mécaniques ou psychologiques. Il convient d’abandonner toute référence pour se glisser dans son univers hermétique, qui s’étend de l’île de Man aux lacs salés de Bonneville dans l’Utah, en passant par Budapest et par le Chrysler Building. Il faut se laisser guider par le revêtement du sol en astroturf aux couleurs pistache, abricot et bleu roi, se laisser happer par les projections, par l’éclairage uniforme et intense qui donne une identité cohérente à l’exposition.
American kitsch
Il existe une relation fondamentale entre les objets et les images des films de Matthew Barney. Commencés en 1994, ils décrivent l'évolution du corps à travers des métaphores biologiques ou géologiques, autour des thèmes de l'«ascension» et de la «dégradation». L’imaginaire de l’artiste mêle mythologie grecque et athlétisme professionnel, cinéma hollywoodien et art de la magie, psychanalyse et musique «hard-core». Tous les clichés du kitsch américain défilent dans le désordre. On est directement branché sur le «monde intérieur» de Matthew Barney et sur ses fantasmes : une profusion de surprenantes images de synthèse, avec une composition en zooms gigantesques, qui crée une sensation de vertige.
| Muriel Carbonnet 29.10.2002 |
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