Tête au turban, Hadda, 3e-4e siècles, 10,5 cm x 7 cm
© Musée Guimet
Coupe, Bamiyan. 13e siècle, 8 cm x 27,5 cm
© Collection particulère, Paris
Boudha assis, 74,5 cm x 62 cm, schiste
© Museum für Indische Kunst
| | L'Afghanistan sur les RamblasDécidée au lendemain de la destruction des boudhas de Bamian, une grande exposition sur l'art afghan ouvre à Barcelone malgré le contexte politique tendu.
Alors que la psychose semble s'être emparée de tout ce qui touche à l'Afghanistan, la fondation La Caixa, émanation de la plus grande caisse d'épargne catalane, a maintenu l'exposition prévue sur l'art afghan. Elle avait été décidée au moment de la destruction des immenses boudhas de Bamian, qui avait choqué le monde entier au mois de mars dernier. Elle a été inaugurée hier, avec un arsenal de sécurité évidemment renforcé, par Luís Monreal, directeur de la fondation, et Pierre Cambon, conservateur au musée Guimet de Paris, qui en est le commissaire.
Plus de 230 objets ont été rassemblés, en provenance de nombreuses institutions internationales. Parmi les prêteurs, outre le musée Guimet, on note le musée de l'Homme, le Museum für Indisches Kunst de Berlin et le musée de l'Hermitage, à Saint-Pétersbourg. « Nous présentons également des objets provenant de collections privées, comme la collection Florence Malraux ou la collection Ortiz, précise Pierre Cambon. S'y ajoutent quelques caisses provenant du musée de Kaboul, qui avaient été entreposées provisoirement au musée Guimet, en 1996-1997 dans l'attente que la situation sur place se stabilise. »
S'écartant évidemment des clivages religieux qui ont été exploités à souhait ces derniers temps, l'exposition retrace plus d'un millénaire d'histoire. Royaume grec à l'époque d'Alexandre le Grand et cœur de la Bactriane, la région passe au boudhisme au début de notre ère. Les colosses de Bamian sont alors creusés dans le roc, attirant des pèlerins venus de Chine ou de l'Inde. Les objets produits par ces cultures pré-islamiques sont ceux que l'on observe avec la plus grande attention puisque ce sont eux qui ont eu à subir l'iconoclasme le plus radical ces dernières années. Mais l'âge d'or de l'Islam, aux 14e et 15e siècles, est également présenté de façon complète. « L'Afghanistan est un carrefour de l'Asie, c'est en même temps un miroir de ses affrontements et de ses innovations. Cette exposition veut donner à réfléchir, être l'occasion d'une rencontre : pourquoi la destruction des boudhas de Bamian et pourquoi cette destruction a-t-elle touché tant de monde ? On a dit au moment de la destruction que les boudhas faisaient partie du patrimoine de l'Unesco. En réalité, ils n'avaient pas pu être inscrits en raison de la situation. Ce qui est certain, c'est qu'il n'y a pas de patrimoine sans humanité mais que l'on ne peut pas non plus concevoir une humanité sans patrimoine… »
|