FIAC et Art Paris, mode d’emploiLes deux manifestations parisiennes accueillent près de 250 galeries. Nous les avons testées sur quelques critères subjectifs…
| Sculpture, 1965, cuivre rouge, cuivre
jaune, plexiglas
© Courtesy Galerie Thessa Herold,
Paris. |
DISPOSITION
La FIAC rompt avec la tradition de la voie royale qui favorisait trop certaines galeries. Ce sont désormais deux allées parallèles qui desservent la foire. Avec un dégradé chronologique : à l'entrée, l'art moderne, au fond, l'art contemporain avec des espaces plus contenus pour les toutes jeunes galeries. Prix des stands ? 200 € le m2, soit le même qu’à Art Paris, qui met l’accent sur des allées plus larges et des stands plus grands : rien à moins de 20 m2, et beaucoup d’expositions sur 50 m2.
EXPOSANTS
En diminuant le nombre de galeries, de 200 à 170, et en les renouvelant de 30%, la FIAC imite la récente Biennale des antiquaires. Elle fait certes des mécontents - Dina Vierny, Suzanne Tarasiève ou la Milanaise Tega - mais prend une position originale, à contre-courant de ses concurrents étrangers comme ARCO. Quelques-uns des remerciés ont trouvé refuge à Art Paris, comme la genevoise Sonia Zannettacci. À la FIAC, les exposants français passent sous la barre des 50%, donnant toute sa valeur à la lettre I (pour Internationale) de l'acronyme. Parmi les nouveaux venus, l'Israélien Dvir, le Russe Krokin, le Grec Unlimited Contemporary Art. Côté Art Paris, les rangs belges sont cette année considérablement renforcés : six exposants, dont la célèbre fondation-galerie Veranneman, et Bernard Cats, de Bruxelles.
GRAVURE
Depuis la disparition du SAGA, grand rendez-vous des professionnels et des amateurs d’estampe durant les années 1990, on désespérait de jamais revoir les éditeurs dans un événement digne de ce nom. Quelques-uns ont trouvé refuge au Salon du livre. Depuis l’an 2000, une poignée d’entre eux - parmi lesquels le fameux Pasnic - a réussi à se faire admettre à la FIAC. Aux autres, Art Paris entrouvre désormais ses portes. Ils seront cinq, présentant aussi bien des tirages limités de Lüpertz ou Rauschenberg que de jeunes talents.
ONE MAN SHOWS
En 2000, la FIAC avait tenté une révolution en demandant à chacun des exposants de ne présenter qu’un artiste. L'exercice imposé avait suscité bien des remous mais il a laissé des traces : 46 «one man shows» sont au programme en 2002, dont Estève chez Claude Bernard, César Domela chez Thessa Herold et un très attendu Chillida chez Colon XVI. La défection de dernière minute de la galleria dello Scudo a permis à la galerie espagnole de doubler sa surface pour son hommage au sculpteur basque. Côté Art Paris, on appréciera l’allure de certaines rétrospectives, comme celles consacrées à Nitkowski (galerie Vanuxem), Rustin (galerie Idées d’Artistes) ou Michaux (galerie Chave).
PERSPECTIVES
Cette section de la FIAC est un peu l'équivalent de Art Unlimited, à Bâle. Le but est d’y montrer la création la plus récente mais les règles du jeu ont changé : les galeries invitées (entre autres, cette année, les New-Yorkaises Tanya Bonakdar, Gavin Brown, Anton Kern, Andrew Kreps, De Chiara) doivent présenter plusieurs artistes. Le panorama proposé couvre donc une quarantaine de créateurs, contre 14 lors de l'édition précédente. À Art Paris, on joue plutôt la carte peinture et sculpture avec Monfleur (chez Guigon) ou la génération montante de Cracovie (chez Koralewski).
PHOTOGRAPHIE et VIDÉO
Elles continuent d'occuper une place de choix à la FIAC avec, en force, l'école allemande des Becher à Thomas Ruff et Candida Hoffer. Effet du 11 septembre, du mouvement anti-mondialisation ? On note une forte politisation des thématiques, du mémorial vietnamien de Ngyun Hatsushiba (chez Chantal Crousel) à la critique du capitalisme sauvage dans l'ex-Union soviétique (Mizin et Shaburov à la galerie Rabouan Moussion). C’est encore le parent pauvre d’Art Paris, où l’on a un faible pour la peinture figurative (voir Ray Richardson chez Alain Blondel). Parmi les tentatives isolées, on peut signaler Maike Freess chez Corinne Caminade ou Nathalie Contenay chez Kandler.
| Françoise Monnin Rafael Pic 25.10.2002 |
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