Fresques en périlPeintes il y a 7000 ans, les gravures rupestres de Bangu-dæ, en Corée du Sud, sont menacées.
| © Sang Mog-Lee |
BANGU-DÆ. L’art préhistorique et l’eau ne font décidément pas bon ménage. Après les gravures rupestres de Foz Côa, au Portugal, celles de Bangu-dæ sont à leur tour menacées par un barrage. Il s’agit pourtant de la plus riche et la plus ancienne collection de gravures rupestres recensée jusqu’à présent en Corée. Elle a beau avoir été classée patrimoine national en 1995, les travaux avancent inexorablement. Sang-mog Lee, du Musée de l’Université nationale de Kyungpook (Daegu, Corée du Sud), réalise actuellement une thèse sur ces gravures au Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Il est parti à la conquête de l’Occident pour les faire connaître et alerter l’opinion internationale.
| Tigre et baleine
© Sang Mog-Lee |
Dauphins jaillissants
Situé sur une falaise d’environ 3 m de haut et 10 m de large, le site de Bangu-dæ (la «Falaise de la Tortue») a été découvert en 1971. 248 représentations y sont identifiables, dont 52 cétacés (30% du total). On y trouve notamment une scène de pêche à la baleine, avec des bateaux chargés d’une dizaine de personnes. Un cétacé est harponné, dont le corps semble se tordre de douleur. Les graveurs possédaient une connaissance très précise de leur gibier, qu’ils avaient eu l’occasion d’observer en haute mer. Les fresques dénotent une grande finesse d’observation, comme dans celles représentant une mère baleine avec son baleineau, ou trois dauphins qui bondissent joyeusement hors de l’eau. Le cycle annuel semble aussi symbolisé sur ces rochers : l’été, quand les baleines et les dauphins passent au large ; l’hiver, avec la représentation d’un cachalot. Des animaux terrestres (cerfs, tigres) - que l’on chassait probablement pendant la mauvaise saison, pour remplacer la viande de baleine - sont également figurés.
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